En plein cœur de l’été, alors que la sécheresse fait rage dans de nombreuses régions françaises, la question brûlante des “bassines” refait surface. Ces réserves d’eau dédiées à l’irrigation agricole intensive sont au centre d’une vive polémique. Les militants anti-bassines, regroupant associations et syndicats, prévoient une grande mobilisation nationale à La Rochelle du 16 au 21 juillet. Point d’orgue de ce rassemblement : l’encerclement prévu du port de commerce de la ville, grand exportateur de céréales, le 20 juillet.
Un “village de l’eau” et des débats en perspective
Pendant ces 6 jours de mobilisation, les 120 organisations participantes, parmi lesquelles figurent les désormais célèbres Soulèvements de la Terre, mais aussi Attac, Solidaires ou encore le collectif Bassines Non Merci, prévoient de nombreuses activités. Un “village de l’eau” sera installé à Melle, dans les Deux-Sèvres, épicentre de la contestation. Débats, conférences et formations y seront proposés pour sensibiliser le public aux enjeux de la gestion de l’eau.
Nous voulons faire de cette mobilisation un troisième tour social et écologique pour mettre fin à 7 ans de politiques antisociales et anti-écologiques
Un porte-parole du mouvement
Les organisateurs souhaitent aussi profiter de cette tribune pour interpeller les pouvoirs publics à la veille des Jeux Olympiques de Paris. Dans un contexte politique tendu après l’adoption controversée de la réforme des retraites, ils entendent bien faire entendre leur voix et “faire reculer l’extrême droite”.
Des agriculteurs inquiets des risques de dégradations
Du côté des agriculteurs, on redoute des débordements lors de ce rassemblement. La mémoire des violents affrontements de Sainte-Soline en mars 2023 est encore vive. Les dégâts matériels avaient été importants et des dizaines de blessés avaient été dénombrés dans les deux camps. La préfecture promet un important dispositif de sécurité pour encadrer la manifestation mais l’inquiétude demeure palpable.
Pour les militants, ce rassemblement se veut avant tout “festif et familial”. Baptisé “Bassines Non Merci, Acte 2”, il prendra la forme d’une “manifestation fleuve” avec “ambiance carnaval”. Reste à savoir si le ton parviendra à rester léger autour d’un sujet aussi inflammable que celui de la gestion de l’eau, ressource critique s’il en est dans un contexte de réchauffement climatique.
L’eau, un enjeu crucial pour l’agriculture et l’environnement
Au cœur de la polémique : le stockage de millions de mètres cubes d’eau dans des bassines XXL en plein air. Pour les agriculteurs, ces réserves sont indispensables pour sécuriser l’irrigation des cultures en période sèche. Mais les opposants dénoncent un “accaparement” de la ressource au profit d’une agriculture intensive consommatrice d’eau et de pesticides. Ils pointent aussi les risques de pollution et d’assèchement des nappes phréatiques que font peser ces infrastructures.
Dans un pays qui a connu un défi it pluviométrique record au printemps, la question du partage de l’eau s’annonce centrale pour les années à venir. Entre impératifs économiques et urgence écologique, l’équation s’avère délicate à résoudre. Cette mobilisation estivale ne manquera pas de faire bouillir les esprits, à défaut de remplir les cours d’eau. L’eau, source de vie, catalyse une fois de plus les tensions.