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Les Agriculteurs Français en Colère Lancent l’Acte 2 de leur Mobilisation

Face à l'accord UE-Mercosur et aux promesses non tenues, les agriculteurs français se mobilisent à nouveau. Au programme : des actions symboliques et des "feux de la colère" pour faire entendre leur voix et défendre l'avenir de l'agriculture française. Mais jusqu'où ira leur colère ?

Près d’un an après leur dernier grand mouvement de contestation, la colère gronde à nouveau dans les campagnes françaises. Les syndicats agricoles majoritaires FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA) donnent ce lundi le coup d’envoi d’un nouveau cycle de mobilisation contre le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. Percutés par les mauvaises récoltes, les maladies animales et des revenus en berne, les agriculteurs estiment que le gouvernement n’a pas tenu ses promesses faites en début d’année.

Des actions symboliques et des “feux de la colère”

Pas question cette fois-ci de bloquer les autoroutes comme en janvier dernier. L’alliance syndicale a plutôt opté pour des actions symboliques :

  • Occupation du “pont de l’Europe” entre Strasbourg et l’Allemagne
  • Déversement de déchets devant un centre des impôts rebaptisé “ambassade du Brésil”
  • Convoi funéraire dans le Gers
  • Renommage de panneaux de communes avec des villes sud-américaines

Lundi soir, place aux “feux de la colère”, qui seront allumés simultanément dans tous les départements. L’objectif n’est pas “d’ennuyer les Français” assure le président de la FNSEA Arnaud Rousseau, mais bien de faire passer un message : l’agriculture française traverse “une situation d’urgence, dramatique dans certains endroits”.

L’accord UE-Mercosur en ligne de mire

C’est l’aboutissement de cet accord de libre-échange, en négociation depuis 20 ans, qui pourrait bien mettre le feu aux poudres. En dépit de l’opposition française, la Commission européenne semble déterminée à le signer d’ici la fin de l’année. Il permettrait aux pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) d’exporter sans droits de douane plus de bœuf, de poulet et de sucre vers l’Europe. Inacceptable pour les agriculteurs français, qui dénoncent une concurrence déloyale :

En volaille, c’est plus de 180 000 tonnes qui viendront inonder le marché. En maïs, 70 molécules interdites en France sont autorisées au Brésil !

Si Emmanuel Macron a promis de continuer à s’opposer à l’accord, les agriculteurs restent vigilants et comptent maintenir la pression.

Des revendications plus profondes

Au-delà du Mercosur, les agriculteurs déplorent le manque de considération et de soutien de l’État. Malgré les 70 engagements pris par le gouvernement en janvier, beaucoup attendent encore des actes concrets. Ils réclament notamment :

  • Une meilleure rémunération de leur travail
  • Un allègement des normes et de la paperasse
  • Des aides pour faire face au dérèglement climatique
  • Un plan pour la souveraineté alimentaire française

Car derrière la colère, c’est bien l’avenir de l’agriculture française et de son modèle familial qui est en jeu. Face à l’accumulation des crises, beaucoup d’exploitants sont au bord du gouffre et ne voient plus d’issue.

C’est une faillite nationale. On sacrifie l’agriculture et la ruralité sur l’autel du libre-échange.

D’après une source proche des syndicats, si le gouvernement reste sourd à leurs revendications, le mouvement pourrait s’endurcir dans les prochaines semaines. Certains n’hésitent pas à appeler à une “convergence des luttes” avec d’autres secteurs mobilisés comme les cheminots ou les opposants aux mégabassines. Une manière de faire émerger un rapport de force à l’échelle nationale.

Vers une résistance européenne ?

Les agriculteurs français pourraient également trouver des alliés chez leurs homologues européens. Certains n’hésitent pas à parler d’un “front commun” contre les accords de libre-échange et pour la défense d’une agriculture locale et durable.

Des militants font déjà le parallèle avec la lutte victorieuse contre le traité transatlantique TAFTA en 2016. Une mobilisation qui avait réussi à faire reculer la Commission européenne. Début novembre, plusieurs routes des Pyrénées ont été bloquées par des agriculteurs français et espagnols dénonçant d’une même voix les accords commerciaux et la PAC. Avec un slogan sans équivoque : “Ici débute la résistance européenne”.

Alors que les élections européennes approchent, la question agricole s’invite dans le débat public. En France comme ailleurs, de plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer un autre modèle, plus juste et plus durable. Face à une Commission qui semble sourde à ces appels, la colère des agriculteurs pourrait trouver un large écho.

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