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Les 291 « Soldats Oubliés » de la Grande Guerre Honorés à Genève

110 ans après, 291 soldats "oubliés" de la Grande Guerre, principalement Savoyards, vont enfin avoir leurs noms gravés sur le Monument aux morts de Genève grâce à un minutieux travail d'identification. Un hommage rendu possible par...

En ce 11 novembre 2024, alors que nous commémorons le 110ème anniversaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale, une cérémonie émouvante se tient au consulat général de Genève. 291 nouveaux noms de soldats viennent s’ajouter aux 884 déjà présents sur le Monument aux morts, le faisant passer à un total de 1175 noms gravés. Ces hommes, pour la plupart originaires de Savoie et Haute-Savoie, étaient jusqu’à présent les grands oubliés de l’Histoire.

Un minutieux travail de mémoire franco-suisse

C’est grâce à l’association franco-suisse “Mémoires, pour le souvenir transfrontalier” et au remarquable travail de recherche mené par deux historiens de l’Université de Genève que ces 291 destins brisés ont pu être identifiés et honorés comme il se doit, après des décennies d’oubli.

Nous avons pensé que cette page d’histoire, qui était terrible, méritait qu’on s’y attarde, et que ces destins brisés par la guerre méritaient qu’on leur rende enfin l’hommage qui leur était dû.

Nicolas Ducimetière, président de l’association Mémoires

Qui étaient ces “soldats oubliés” ?

Jardiniers, cavistes, artisans… Ces hommes, âgés de 20 à 35 ans, menaient une vie paisible à Genève et dans ses environs jusqu’à l’éclatement du conflit en août 1914. Lorsque la mobilisation générale est décrétée, ils n’hésitent pas à repasser la frontière pour rejoindre leurs régiments respectifs, signant ainsi leur acte d’engagement:

  • La majorité étaient des Français nés en Savoie ou Haute-Savoie
  • Certains étaient des volontaires suisses ou des binationaux
  • Tous résidaient sur le sol genevois au moment du déclenchement du conflit

Après avoir rejoint Chambéry, Annecy, Lyon ou encore Belley, ces hommes sont envoyés sur les champs de bataille les plus meurtriers, de la Somme à Verdun. Certains connaitront un destin tragique dès les premiers mois, d’autres tomberont au combat après des années d’enfer dans les tranchées.

La “complexité administrative et frontalière” à l’origine de l’oubli

Si leurs noms n’avaient jusqu’à présent pas été gravés aux côtés de leurs frères d’armes, c’est en raison de la “complexité administrative et frontalière” de l’époque, comme l’explique Nicolas Ducimetière. Résidant en Suisse mais combattant sous le drapeau français, leur recensement s’est révélé particulièrement ardu.

En reconstituant patiemment leurs parcours, depuis les rives du Léman jusqu’aux champs de bataille, les historiens ont réussi à lever le voile sur leurs identités et à leur rendre leur place dans notre mémoire collective. Des destins fauchés dans la fleur de l’âge, unis par un même attachement à Genève et sa région.

Honorer leur mémoire, un devoir

Plus d’un siècle après leur disparition, c’est avec émotion que familles, élus et représentants des deux pays se sont réunis pour inaugurer les deux nouvelles stèles rendant hommage à ces 291 soldats. Léon, François, Auguste, Ernest, Gabriel, Marius… Autant de prénoms gravés dans la pierre, autant d’histoires individuelles se mêlant à la grande Histoire.

Cette cérémonie n’est que justice rendue à ces hommes qui ont tout sacrifié et qui méritent de vivre à jamais dans nos mémoires, par-delà les frontières.

Un descendant de soldat

Alors que les derniers témoins de ce conflit s’éteignent les uns après les autres, il est de notre devoir de perpétuer le souvenir de tous ceux qui ont donné leur vie au nom de la liberté. Ces 291 noms, désormais gravés aux côtés de leurs compagnons d’armes, ne tomberont plus jamais dans l’oubli. Puissent-ils reposer en paix.

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