C’est une page qui se tourne pour le hockey sur glace français. L’Athletic Club de Boulogne-Billancourt, plus connu sous le nom d’ACBB, va définitivement ranger ses crosses le 31 décembre prochain. En cause, la fermeture de la patinoire historique de la ville qui abrite le club depuis sa création en 1951. Une décision brutale de la municipalité qui sonne le glas d’une équipe mythique, véritable institution dans le paysage du hockey hexagonal.
L’ACBB, un palmarès de légende
Au panthéon du hockey français, l’ACBB occupe une place à part. Le club boulonnais a écrit quelques-unes des plus belles pages de l’histoire de ce sport dans l’Hexagone :
- 3 titres de champion de France en 1957, 1960 et 1962
- 3 victoires consécutives en Coupe Spengler, le tournoi international de référence, en 1959, 1960 et 1961 – un exploit inégalé pour un club français
- De nombreux internationaux passés par ses rangs, dont les légendaires Philippe Lacarrière et Gilbert Itzicsohn
Dans les années 50-60, l’ACBB règne sans partage sur la glace, trustant les titres nationaux et s’offrant même le luxe de briller à l’échelle continentale. Un âge d’or qui coïncide avec l’inauguration de la patinoire fédérale en 1955, antre emblématique du club.
La patinoire, berceau de champions
Plus qu’une simple infrastructure, la patinoire de Boulogne-Billancourt est un lieu chargé d’histoire. Pendant près de 15 ans, elle abrite le siège de la fédération française des sports de glace. Surnommée « la fédérale », elle voit défiler toutes les gloires du hockey tricolore.
C’est également là que se forge l’ossature de l’équipe de France, dont la majorité des joueurs portent alors les couleurs boulonnaises. Les Bleus y préparent notamment leur participation aux Jeux Olympiques de Grenoble en 1968.
La patinoire de Boulogne, c’était le temple du hockey français. Tous les grands joueurs y sont passés. C’est un lieu mythique qui a vu naître de nombreux champions.
Pierre Martin, historien du sport
Un club formateur reconnu
Au fil des décennies, l’ACBB s’est forgé une solide réputation dans la formation des jeunes talents. Malgré la fin de ses années fastes, le club est resté un grand pourvoyeur de joueurs pour les championnats élites.
Avec 350 licenciés dont 250 jeunes pour la saison écoulée, l’ACBB était encore le 2e club formateur d’Île-de-France. De nombreux espoirs sont passés sur sa glace avant de rejoindre les équipes de Ligue Magnus ou de division 1.
La formation a toujours été dans l’ADN du club. On était fiers de fournir des joueurs au plus haut niveau. L’ACBB était un passage obligé pour qui voulait percer dans le hockey.
Marc Durand, ancien entraîneur du club
Le couperet de la fermeture
Mais cet héritage est brutalement balayé par la décision municipale de fermer le site historique. Un choix difficile à accepter pour les dirigeants et les joueurs.
C’est incompréhensible et précipité. On aurait pu réfléchir à d’autres solutions pour faire perdurer ce club mythique. C’est un crève-cœur.
Mouloud Menceur, président de la section hockey
Avec la disparition de l’ACBB, c’est toute une page du hockey français qui se tourne. Le club laisse derrière lui un immense palmarès et des générations de joueurs marqués par son empreinte. Mais surtout, il part avec le sentiment d’une fin en forme de gâchis, faute d’avoir pu écrire son avenir dans le temple de son passé glorieux.