C’est un événement que le secteur nucléaire français attendait depuis plus d’une décennie. Ce vendredi 20 décembre, l’EPR de Flamanville, dans la Manche, sera enfin raccordé au réseau électrique national. Une première injection d’électricité qui marque l’aboutissement d’un chantier XXL, démarré en 2007, et qui aura connu son lot de déboires et de dérapages budgétaires. Retour sur une saga industrielle et énergétique hors du commun.
Un projet ambitieux mais chaotique
Lancé en grande pompe en 2006, le chantier de l’EPR (pour European Pressurized Reactor) de Flamanville devait incarner le renouveau de la filière nucléaire française. Ce réacteur de troisième génération, plus puissant et plus sûr que ses prédécesseurs, était censé démarrer en 2012 pour un coût estimé à 3,3 milliards d’euros. Las, le projet a rapidement pris du retard et vu sa facture s’envoler.
Problèmes de conception, défauts de fabrication, anomalies dans la composition de l’acier du couvercle et du fond de la cuve du réacteur, soudures défectueuses… Les difficultés se sont enchaînées, repoussant sans cesse la mise en service de l’EPR. Résultat : le chantier accuse 12 ans de retard et la facture atteint les 13,2 milliards d’euros, soit près de quatre fois le budget initial. Un dérapage qui a sérieusement écorné l’image de l’EPR et jeté le doute sur la capacité de la France à mener à bien de grands projets nucléaires.
Une étape cruciale enfin franchie
Malgré ces déboires, EDF, le maître d’ouvrage, n’a jamais jeté l’éponge. Et le raccordement de l’EPR au réseau ce vendredi marque une étape décisive. « Quelle émotion et quelle fierté d’assister aux premiers battements du cœur de l’EPR ! », s’est enthousiasmé Alain Morvan, le directeur du projet, après la première réaction en chaîne autoentretenue (divergence) en septembre.
Pour autant, le réacteur n’est pas encore au bout du chemin. Son fonctionnement va d’abord être testé à différents paliers de puissance, jusqu’à l’été 2025. Il faudra aussi remplacer le couvercle de la cuve, fragilisé par une concentration en carbone trop élevée. Un chantier délicat, prévu à l’horizon 2027, mais qu’EDF assure préparer sereinement. D’ici là, l’EPR devrait avoir produit 14 TWh, de quoi fournir en électricité 2 millions de foyers.
Un enjeu crucial pour l’avenir énergétique français
Au-delà du défi industriel et technologique, la mise en service de l’EPR revêt un enjeu stratégique majeur pour la France. Avec ses 1650 MW de puissance, il va porter la capacité du parc nucléaire français à 63 GW, consolidant sa place de 2ᵉ producteur mondial derrière les États-Unis. Un atout crucial au moment où le pays cherche à renforcer sa souveraineté énergétique et à réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Car si l’EPR a souffert d’une gestation difficile, il n’en reste pas moins un fleuron de l’industrie française et un outil essentiel de la transition énergétique. Grâce à lui, la part du nucléaire devrait rester autour de 50% dans le mix électrique tricolore, aux côtés des énergies renouvelables. Une proportion qui pourrait même augmenter si le gouvernement confirme son intention de construire de nouveaux EPR, comme l’a laissé entendre le président Emmanuel Macron.
Des défis qui restent à relever
Pour autant, l’avenir de l’EPR et plus largement du nucléaire français n’est pas exempt d’incertitudes. Outre la question des coûts et des délais, qui restent un talon d’Achille, la filière doit faire face à plusieurs défis de taille :
- La gestion des déchets radioactifs, pour laquelle des solutions pérennes doivent encore être trouvées
- Le maintien des compétences et le renouvellement des effectifs, alors que de nombreux experts partent à la retraite
- L’acceptabilité sociale du nucléaire, régulièrement contesté malgré son faible impact carbone
- La concurrence des énergies renouvelables, de plus en plus compétitives et faciles à déployer
Autant d’enjeux qu’EDF et la filière nucléaire devront relever dans les années à venir pour assurer la pérennité de cette énergie stratégique. Le succès de la mise en service de l’EPR de Flamanville constitue un premier pas encourageant. Mais le chemin est encore long pour redonner tout son lustre au nucléaire français.
Le nucléaire a toute sa place dans un mix énergétique décarboné. Mais nous devons tirer les leçons des erreurs passées et ne rien s’interdire, y compris d’explorer d’autres voies comme les petits réacteurs modulaires ou la fusion.
Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique
Une chose est sûre : avec le grand carénage du parc existant, la mise en service de l’EPR et les futurs projets, le nucléaire s’apprête à vivre une nouvelle page de son histoire. Reste à savoir si elle sera à la hauteur des enjeux énergétiques, climatiques et économiques du 21ᵉ siècle. Le raccordement de Flamanville ouvre en tout cas de nouvelles perspectives à cette filière qui veut croire en son avenir.
Au-delà du défi industriel et technologique, la mise en service de l’EPR revêt un enjeu stratégique majeur pour la France. Avec ses 1650 MW de puissance, il va porter la capacité du parc nucléaire français à 63 GW, consolidant sa place de 2ᵉ producteur mondial derrière les États-Unis. Un atout crucial au moment où le pays cherche à renforcer sa souveraineté énergétique et à réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Car si l’EPR a souffert d’une gestation difficile, il n’en reste pas moins un fleuron de l’industrie française et un outil essentiel de la transition énergétique. Grâce à lui, la part du nucléaire devrait rester autour de 50% dans le mix électrique tricolore, aux côtés des énergies renouvelables. Une proportion qui pourrait même augmenter si le gouvernement confirme son intention de construire de nouveaux EPR, comme l’a laissé entendre le président Emmanuel Macron.
Des défis qui restent à relever
Pour autant, l’avenir de l’EPR et plus largement du nucléaire français n’est pas exempt d’incertitudes. Outre la question des coûts et des délais, qui restent un talon d’Achille, la filière doit faire face à plusieurs défis de taille :
- La gestion des déchets radioactifs, pour laquelle des solutions pérennes doivent encore être trouvées
- Le maintien des compétences et le renouvellement des effectifs, alors que de nombreux experts partent à la retraite
- L’acceptabilité sociale du nucléaire, régulièrement contesté malgré son faible impact carbone
- La concurrence des énergies renouvelables, de plus en plus compétitives et faciles à déployer
Autant d’enjeux qu’EDF et la filière nucléaire devront relever dans les années à venir pour assurer la pérennité de cette énergie stratégique. Le succès de la mise en service de l’EPR de Flamanville constitue un premier pas encourageant. Mais le chemin est encore long pour redonner tout son lustre au nucléaire français.
Le nucléaire a toute sa place dans un mix énergétique décarboné. Mais nous devons tirer les leçons des erreurs passées et ne rien s’interdire, y compris d’explorer d’autres voies comme les petits réacteurs modulaires ou la fusion.
Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique
Une chose est sûre : avec le grand carénage du parc existant, la mise en service de l’EPR et les futurs projets, le nucléaire s’apprête à vivre une nouvelle page de son histoire. Reste à savoir si elle sera à la hauteur des enjeux énergétiques, climatiques et économiques du 21ᵉ siècle. Le raccordement de Flamanville ouvre en tout cas de nouvelles perspectives à cette filière qui veut croire en son avenir.