Au cœur de l’est de l’Ukraine, là où les cicatrices de la guerre sont encore fraîches, les fidèles se rassemblent en ce 19 janvier pour célébrer l’Épiphanie orthodoxe. Malgré les divisions profondes créées par le conflit, beaucoup choisissent de maintenir leur foi et leurs traditions dans les églises affiliées à la Russie. Un témoignage poignant de la résilience de l’esprit humain face à l’adversité.
Une Fête Qui Transcende les Frontières de la Foi
Natalia, une médecin militaire de 52 ans, incarne parfaitement cet esprit de résilience. Marchant près du monastère de Sviatoguirsk criblé d’éclats d’obus, elle porte fièrement une carafe d’eau bénite par les prêtres. Pour elle, peu importe les circonstances, « une fête est une fête, peu importe la foi ».
Ce sentiment est partagé par de nombreux Ukrainiens de l’est, pour qui les rites religieux familiers offrent un répit bienvenu face aux explosions et à l’incertitude constante. Certains bravent même les eaux glacées de la rivière, ancienne ligne de front, pour le traditionnel bain de l’Épiphanie.
L’Église Orthodoxe Ukrainienne Face à la Controverse
Cependant, la position de l’Église orthodoxe ukrainienne, affiliée au Patriarcat de Moscou, reste un sujet de controverse. Malgré sa dénonciation de la guerre, elle n’a pas officiellement rompu ses liens avec la Russie, ce qui pourrait conduire à son interdiction en vertu d’une récente loi ukrainienne.
Face à ces tensions, l’archimandrite Théophane, responsable par intérim du monastère de Sviatiguirsk, appelle à l’unité. Citant la Bible, il déclare : « Aimez Dieu ! Et elle dit quelque chose que vous ne pouvez pas imaginer : aimez vos ennemis ! »
La Foi comme Bouclier Face aux Bombardements
À Lyman, ville voisine durement touchée par les bombardements russes, le père Serguy et ses fidèles, principalement des femmes âgées, se réfugient dans la partie souterraine de leur église pour célébrer l’Épiphanie. Malgré la peur omniprésente, il considère ses paroissiens comme sa famille et refuse de les abandonner.
La religion m’apaise. Quand je suis allongée, je pense : je ne suis pas seule, j’ai des icônes, Dieu est avec moi. Et je m’endors.
Liouda Storojouk, 72 ans, fidèle dont l’appartement a été détruit par une frappe russe
Pour beaucoup, comme Liouda Storojouk, 72 ans, dont l’appartement a été détruit, la foi reste un pilier face à l’adversité. Les icônes sauvées des décombres rappellent que même dans les heures les plus sombres, nul n’est seul.
Une Leçon de Résilience
En cette Épiphanie orthodoxe, les fidèles d’Ukraine de l’est nous offrent une leçon de résilience et de foi inébranlable. Malgré les divisions causées par la guerre, les célébrations religieuses perdurent, témoignant de la force de l’esprit humain face à l’adversité.
Leur exemple est un rappel poignant que même dans les conflits les plus déchirants, il reste toujours une place pour la compassion, le pardon et l’espoir d’un avenir meilleur. Une lumière dans les ténèbres, aussi fragile soit-elle, qui ne demande qu’à être entretenue.
