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L’épargne des Français, une solution pour alléger la dette nationale ?

Et si l'épargne dormante des Français était la clé pour désendetter l'État ? La proposition choc de Sandrine Rousseau fait débat. Décryptage d'une mesure aussi radicale que controversée...

Face à une dette publique qui ne cesse de s’alourdir, les idées les plus audacieuses refont surface dans le débat public. Dernière en date : la proposition de Sandrine Rousseau de faire appel à l’épargne des Français pour « reprendre la main » sur les finances de l’État. Une idée qui suscite de vives réactions, entre espoirs de redressement et craintes de spoliation. Alors, l’épargne des Français peut-elle vraiment être la clé pour désendetter le pays ?

L’épargne, ce trésor national encore inexploité

Avec près de 1 800 milliards d’euros dormant sur les comptes et les assurances-vie des ménages, la France dispose d’un véritable « trésor de guerre » financier. Un pactole qui aiguise les appétits à l’heure où la dette publique frôle les 3 000 milliards. Pour les partisans d’une mobilisation de cette manne, il y a là une opportunité unique de renflouer les caisses de l’État sans alourdir la fiscalité ni sabrer dans les dépenses.

La France est un pays où il y a une épargne qui nous permettrait de reprendre très bien la main sur notre dette.

– Sandrine Rousseau, députée EELV

Une vision volontariste du patriotisme économique, où chaque citoyen serait appelé à participer à l’effort de désendettement national. Cela pourrait prendre la forme d’un grand emprunt obligatoire ou de placements bonifiés fléchés vers le financement des investissements publics. L’État se refinancerait ainsi à moindre coût en court-circuitant les marchés financiers.

Les risques d’une épargne contrainte

Mais cette « épargne forcée » soulève de nombreuses questions. Sur le plan pratique, comment contraindre des millions d’épargnants à investir dans la dette publique sans provoquer un vent de panique bancaire et une fuite des capitaux ? Sur le plan juridique, une telle mesure ne constituerait-elle pas une atteinte au droit de propriété, pourtant garanti par la Constitution ?

Surtout, le recours à l’épargne des ménages ne ferait que repousser le problème de la dette sans s’attaquer à ses causes profondes. Car le vrai défi pour nos finances publiques, c’est de contenir durablement les déficits en repensant en profondeur le modèle de dépenses et de prélèvements. Sans cette réforme fiscale et budgétaire de fond, l’argent des Français ne servirait qu’à colmater temporairement les brèches.

Vers un nouveau pacte entre l’État et les épargnants ?

Pour autant, l’idée d’associer davantage les citoyens au financement de la dette mérite d’être creusée. À condition de le faire sur une base volontaire et incitative, en offrant par exemple des conditions de rémunération attractives et des priorités d’accès aux services publics pour ceux qui jouent le jeu. C’est la piste d’un nouveau « contrat social » financier entre l’État et les épargnants, basé sur la confiance et l’intérêt mutuel.

À l’heure où la souveraineté financière est plus que jamais un enjeu stratégique, la mobilisation de l’épargne peut être un levier puissant au service d’une gestion plus vertueuse et autonome de notre dette publique. Reste à trouver le bon équilibre entre coercition et incitation, dans le respect des libertés économiques de chacun. Un vaste chantier qui ne fait sans doute que commencer.

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