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L’EPA Accusée de Minimiser le Rôle Humain dans le Climat

L'EPA vient de supprimer des pages entières sur le rôle humain dans le réchauffement et met désormais en avant volcans et Soleil. Une scientifique parle du « revirement le plus spectaculaire » jamais vu. Mais jusqu'où ira ce changement ?

Imaginez que le site officiel de l’agence chargée de protéger l’environnement de la première puissance mondiale efface, en quelques clics, des années de consensus scientifique sur les causes humaines du réchauffement. C’est exactement ce qui vient de se produire aux États-Unis.

Un changement discret mais radical sur le site de l’EPA

Depuis le mois d’octobre, plusieurs pages clés du site de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) ont été profondément remaniées. Les références explicites au rôle prédominant de l’activité humaine dans le changement climatique ont été atténuées, voire purement et simplement supprimées.

À la place, les nouvelles versions mettent en avant des facteurs naturels comme les éruptions volcaniques ou les variations de l’activité solaire. Une page entière consacrée à la fonte des calottes glaciaires et à la montée du niveau des océans a même disparu sans laisser de trace.

Des modifications qui ne passent pas inaperçues

Ces changements n’ont pas échappé aux observateurs. Des spécialistes du climat ont rapidement tiré la sonnette d’alarme, qualifiant cette révision de « revirement parmi les plus spectaculaires jamais observés » dans la communication officielle sur le sujet.

Pour beaucoup, il s’agit d’une illustration concrète de la nouvelle orientation politique de l’administration fédérale depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

« L’agence ne répond plus aux injonctions de la secte climatique »

Brigit Hirsch, porte-parole de l’EPA

Cette phrase, prononcée par la porte-parole de l’agence, résume à elle seule le ton adopté. Le terme « secte » employé pour désigner la communauté scientifique internationale laisse peu de place au doute sur la ligne officielle actuelle.

Un contexte politique clair

Le président Trump n’a jamais caché son scepticisme vis-à-vis du consensus scientifique sur le réchauffement climatique d’origine anthropique. Dès son premier mandat, il avait retiré les États-Unis de l’Accord de Paris. La décision a été reconduite dès son retour au pouvoir.

Aucun délégué américain n’a été envoyé à la COP30 qui s’est tenue au Brésil en novembre. Parallèlement, plusieurs mesures de transition énergétique mises en place sous l’administration précédente ont été annulées.

Le développement des énergies fossiles, notamment le gaz et le pétrole de schiste, est à nouveau encouragé, malgré leur forte empreinte carbone.

Que disait exactement le consensus scientifique avant ces modifications ?

Jusqu’à récemment, les pages de l’EPA reprenaient fidèlement les conclusions du GIEC : les activités humaines, et en premier lieu les émissions de gaz à effet de serre issues de la combustion des énergies fossiles, sont la cause principale du réchauffement observé depuis le milieu du XXe siècle.

Le président du GIEC lui-même, Jim Skea, rappelait début décembre, sans la moindre ambiguïté : « Sans équivoque, les humains sont la cause du changement climatique auquel nous assistons. »

Cette position, partagée par la quasi-totalité des climatologues dans le monde, se retrouve aujourd’hui diluée, voire occultée, sur le site officiel américain.

Les conséquences très concrètes du réchauffement

Le rapport annuel du Lancet publié fin octobre est sans appel : les phénomènes météorologiques extrêmes liés au changement climatique ont provoqué au moins 16 000 morts rien que sur l’année 2024.

Ces chiffres, déjà dramatiques, risquent de s’alourdir rapidement si les politiques climatiques continuent de régresser au niveau mondial.

Canicules plus intenses, tempêtes plus violentes, sécheresses prolongées : chaque dixième de degré supplémentaire aggrave ces risques de façon exponentielle.

Pourquoi ce changement de discours pose problème

Modifier la communication officielle sur un sujet aussi crucial revient à semer le doute dans l’opinion publique au moment où l’urgence d’agir n’a jamais été aussi forte.

Lorsque l’agence fédérale censée protéger l’environnement minimise la responsabilité humaine, elle envoie un signal extrêmement négatif aux entreprises, aux collectivités et aux citoyens.

Ce n’est plus seulement une question de politique intérieure américaine : c’est un message envoyé au reste du monde, au moment où la coopération internationale est plus nécessaire que jamais.

Vers une remise en cause plus large ?

Ces modifications sur le site de l’EPA ne sont probablement qu’un début. Des rumeurs circulent déjà sur de prochaines révisions des normes d’émission pour les véhicules ou les centrales électriques.

Le budget alloué aux recherches sur le climat au sein des agences fédérales pourrait lui aussi être revu à la baisse dans les prochains mois.

Dans ce contexte, la communauté scientifique internationale observe avec inquiétude l’évolution de la position américaine, premier émetteur historique de gaz à effet de serre.

Le monde retient son souffle. Car si les États-Unis, par leur poids économique et technologique, décident de tourner le dos à l’action climatique, les conséquences seront ressenties bien au-delà de leurs frontières.

Restera-t-il encore longtemps possible de nier l’évidence alors que les records de température tombent les uns après les autres et que les catastrophes s’enchaînent ? L’histoire jugera.

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