Alors que les États-Unis et la Russie s’apprêtent à se rencontrer pour la première fois depuis le début de la guerre en Ukraine, l’envoyé spécial de Donald Trump se veut rassurant. Lors d’une visite au siège de l’OTAN à Bruxelles ce lundi, Keith Kellogg a affirmé que Washington n’imposerait pas un accord de paix à Kiev. Une déclaration qui intervient dans un contexte de vives inquiétudes des Européens, qui craignent d’être mis sur la touche des négociations.
Une « décision ukrainienne » selon l’envoyé de Trump
Attendu en Ukraine mercredi pour une visite de trois jours, au cours de laquelle il rencontrera le président Volodymyr Zelensky, Keith Kellogg a tenu à clarifier la position américaine. Face à la presse, il a souligné qu’il reviendra au dirigeant ukrainien de décider d’accepter ou non un éventuel accord issu des pourparlers entre Washington et Moscou.
La décision par les Ukrainiens est une décision ukrainienne. Zelensky est le dirigeant élu d’une nation souveraine et ces décisions sont les siennes. Personne ne les imposera à l’encontre d’un dirigeant élu d’une nation souveraine.
Keith Kellogg, envoyé spécial de Donald Trump pour l’Ukraine
Les Européens craignent d’être écartés
Cette prise de position intervient alors que plusieurs dirigeants européens se sont réunis lundi à Paris. Leur objectif : trouver une réponse commune pour assurer la sécurité du Vieux Continent face à « l’accélération » du calendrier sur le conflit ukrainien décidée par l’administration Trump. Une accélération qui fait craindre aux Européens d’être laissés pour compte d’un éventuel accord.
Si Keith Kellogg a confirmé qu’une participation européenne aux négociations n’était pas envisagée, il a toutefois précisé que les alliés seraient tenus informés. « Je ne crois pas que ce soit raisonnable ou faisable d’avoir tout le monde autour de la table », a-t-il déclaré devant la presse.
Adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et frontières d’avant 2014 sur la table
L’envoyé spécial américain a par ailleurs indiqué que « tout » serait sur la table des négociations. Une déclaration qui fait écho aux propos du secrétaire américain à la Défense la semaine dernière à Bruxelles. Ce dernier avait jeté un froid en qualifiant d’« irréaliste » une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, tout comme un retour de ce pays dans ses frontières d’avant 2014, qui incluaient alors la Crimée, depuis annexée par Moscou.
Keith Kellogg n’a pas exclu que le sujet de l’architecture globale de la sécurité en Europe, une demande de la Russie, soit abordé lors des pourparlers entre Washington et Moscou. « Je ne serais pas surpris si des sujets globaux étaient évoqués », a-t-il ajouté, évoquant les efforts pour réduire les liens entre la Russie d’un côté et l’Iran, la Chine ou la Corée du Nord de l’autre.
Des questions en suspens pour les alliés européens
La rencontre entre Keith Kellogg et les pays membres de l’OTAN a été l’occasion pour ces derniers de soulever plusieurs interrogations, selon des sources diplomatiques. Les alliés européens ont notamment cherché à connaître l’appui qu’apporteraient les États-Unis à une éventuelle force européenne. Celle-ci s’inscrirait dans le cadre des garanties de sécurité qui seraient données à l’Ukraine en cas d’accord de paix.
Si l’envoyé spécial de Trump se veut rassurant sur la souveraineté de la décision ukrainienne, de nombreuses questions restent en suspens pour les Européens. Alors que les négociations s’accélèrent entre Washington et Moscou, le Vieux Continent craint de se retrouver devant le fait accompli d’un accord qui façonnerait l’avenir sécuritaire de la région sans lui. Les prochains jours seront décisifs pour voir si les États-Unis sauront apaiser ces inquiétudes et inclure leurs alliés historiques dans la résolution de ce conflit majeur aux portes de l’Europe.