Les récents développements autour de Polymarket, plateforme de marchés prédictifs basée sur la blockchain, mettent en lumière les défis auxquels sont confrontées les entreprises crypto cherchant à se conformer aux réglementations américaines. Malgré ses efforts pour bloquer l’accès aux utilisateurs américains, Polymarket ferait l’objet d’une enquête du Département de la Justice (DoJ) pour avoir prétendument permis à des résidents des États-Unis d’opérer sur sa plateforme en violation d’un accord réglementaire précédent.
Le casse-tête du blocage des utilisateurs américains
Si Polymarket bloque les adresses IP américaines, cela ne semble pas suffisant aux yeux des régulateurs. Des traders US particulièrement déterminés utiliseraient des réseaux privés virtuels (VPN) pour contourner ces restrictions et accéder à la plateforme malgré tout. Un problème épineux, car en dehors de la collecte d’informations d’identification (KYC), il est très difficile pour Polymarket de vérifier la localisation réelle de ses utilisateurs souvent pseudonymes.
Quelles options pour une conformité effective ?
Face à ce défi, quelles sont les options pratiques pour les entreprises crypto cherchant à éviter de tomber sous le coup des régulateurs américains ? Selon les experts, la seule véritable solution serait d’imposer une procédure de KYC complète à tous les utilisateurs. Mais cette approche soulève d’autres problèmes, notamment en termes de protection des données personnelles et de frictions pour les utilisateurs.
Ils auraient besoin d’un KYC. Il est trop facile de contourner de simples blocages d’adresses IP.
Runa Sandvik, chercheuse en cybersécurité et vie privée
D’autres mesures, comme l’analyse des changements suspects d’adresses IP ou le blocage des VPN connus, pourraient aider mais ne sont pas infaillibles. Et si certains pensent qu’il suffit d’être domicilié hors des USA pour échapper au bras long des régulateurs américains, les experts préviennent que tant qu’une entreprise a un impact sur le territoire américain, elle peut potentiellement tomber sous le coup de leurs lois.
Un précédent inquiétant pour l’industrie crypto ?
Au-delà du cas spécifique de Polymarket, cette affaire pourrait créer un précédent préoccupant pour tout un pan de l’industrie crypto qui s’efforce de naviguer dans les méandres réglementaires américains. Des projets de tokens “lancés depuis les airs” aux protocoles décentralisés, nombreux sont ceux qui pourraient se retrouver dans une situation similaire malgré leurs efforts pour éviter d’avoir des utilisateurs américains.
Si certains y voient une forme d’acharnement des autorités face à une technologie qu’elles peinent à appréhender, d’autres estiment que le problème vient d’un manque de clarté réglementaire. Sans lignes directrices précises sur ce qui constitue une conformité suffisante en matière de géo-restriction, les entreprises crypto naviguent à vue et restent vulnérables malgré leur bonne volonté apparente.
Vers une approche réglementaire plus pragmatique ?
Face à ces défis, certains appellent à une approche réglementaire plus mesurée et collaborative. Plutôt que la confrontation, le dialogue entre régulateurs et acteurs de l’industrie pourrait permettre de définir des standards réalistes et effectifs en matière de conformité pour les entreprises crypto cherchant à opérer de manière responsable.
Car si l’intention des régulateurs de protéger les citoyens américains est louable, une application trop rigide risque surtout de pénaliser les acteurs de bonne foi et d’encourager le développement de plateformes totalement opaques et hors de contrôle. Un équilibre délicat qu’il appartient à toutes les parties prenantes de trouver, dans l’intérêt d’un écosystème crypto plus mature et responsable.