Le prix de l’énergie est-il en train de redessiner la carte de la puissance économique mondiale ? C’est la thèse défendue par de nombreux experts, alors que l’explosion des coûts énergétiques met à rude épreuve la compétitivité de pans entiers de l’économie, en particulier en Europe. Zoom sur les exemples révélateurs de l’Allemagne et des États-Unis, qui ont fait des paris énergétiques radicalement opposés ces dernières années.
L’Allemagne face au spectre de la désindustrialisation
Longtemps considérée comme la locomotive économique de l’Europe, l’Allemagne voit son modèle vaciller sous le poids de factures énergétiques exorbitantes. Avec des prix de l’électricité et du gaz qui ont atteint des sommets, de nombreuses entreprises industrielles allemandes se retrouvent au pied du mur. Face à des coûts de production devenus prohibitifs, la tentation de délocaliser les usines vers des contrées aux coûts énergétiques plus doux s’intensifie.
La crise actuelle révèle cruellement les failles de la stratégie énergétique allemande des deux dernières décennies. Berlin avait en effet misé à fond sur le gaz russe bon marché, aujourd’hui sous embargo, tout en accélérant sa sortie du nucléaire après l’accident de Fukushima en 2011. Un cocktail perdant, qui plombe désormais la compétitivité de la première économie européenne.
L’énergie bon marché était le carburant du succès industriel allemand. Aujourd’hui, c’est devenu son talon d’Achille.
–Analyse un expert économique
Berlin à la croisée des chemins
Les chiffres sont éloquents : la croissance allemande stagne depuis deux ans et la production manufacturière a dégringolé de 10% en une décennie. Un décrochage industriel préoccupant pour le pays qui s’enorgueillit d’être «l’usine de l’Europe». Face à cette crise existentielle, Berlin cherche désespérément des solutions pour endiguer l’hémorragie.
Mais les marges de manoeuvre sont étroites. Prolonger encore les centrales nucléaires ? Politiquement explosif. Subventionner massivement l’énergie? Budgétairement intenable. Le gouvernement mise notamment sur le développement accéléré des énergies renouvelables. Mais la route est encore longue avant que l’éolien et le solaire ne puissent offrir à l’industrie allemande l’énergie abondante et bon marché dont elle a besoin pour renouer avec sa compétitivité.
L’Amérique surfe sur ses ressources en gaz de schiste
Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, les États-Unis affichent une confiance éclatante. Et pour cause : la première économie mondiale surfe sur l’abondance d’une énergie peu chère, grâce à l’exploitation massive de ses immenses gisements de gaz et pétrole de schiste. Un pari technologique audacieux, qui paie aujourd’hui sur le plan économique.
Résultat, l’énergie coûte 4 à 5 fois moins cher aux industriels américains qu’à leurs concurrents allemands, un avantage concurrentiel déterminant dans la bataille pour attirer les investissements. Les experts estiment que le boom des hydrocarbures de schiste a déjà contribué à la création de centaines de milliers d’emplois aux USA.
Vers un renforcement de la domination américaine ?
Les États-Unis ne cachent d’ailleurs pas leur volonté d’utiliser leur atout énergétique pour renforcer leur suprématie économique mondiale. Dans un contexte de guerre commerciale larvée avec la Chine et de compétition géoéconomique féroce, Washington compte bien sur son énergie à bas coût pour doper son industrie et attirer un maximum d’investissements sur son sol.
L’énergie bon marché est le meilleur outil pour ramener de l’activité manufacturière aux États-Unis.
– A déclaré un haut responsable de l’administration américaine
Reste à voir si cette stratégie sera durable. Les écologistes mettent en garde contre le coût environnemental élevé de l’exploitation des hydrocarbures de schiste. Face à l’urgence climatique, Washington devra aussi miser davantage sur les énergies propres. Mais à court terme, dans le bras de fer économique mondial, l’atout énergétique des États-Unis pourrait bien s’avérer décisif.
L’énergie, nerf de la guerre économique au 21e siècle ?
Les exemples allemand et américain illustrent à quel point les choix énergétiques d’un pays déterminent de plus en plus sa puissance économique et géopolitique. Dans un monde toujours plus gourmand en énergie mais sommé de décarboner, les nations qui sauront assurer leur sécurité d’approvisionnement en énergie décarbonée et compétitive auront un avantage stratégique majeur pour leur économie et leur influence.
Un constat qui pousse d’ailleurs de plus en plus de pays à revoir leur stratégie énergétique, en misant notamment sur le retour en grâce du nucléaire civil et le développement accéléré des énergies renouvelables. Car à l’heure de la mondialisation, disposer d’une énergie sûre et peu chère est plus que jamais un atout décisif dans le grand jeu économique planétaire.
Pendant ce temps, de l’autre côté de l’Atlantique, les États-Unis affichent une confiance éclatante. Et pour cause : la première économie mondiale surfe sur l’abondance d’une énergie peu chère, grâce à l’exploitation massive de ses immenses gisements de gaz et pétrole de schiste. Un pari technologique audacieux, qui paie aujourd’hui sur le plan économique.
Résultat, l’énergie coûte 4 à 5 fois moins cher aux industriels américains qu’à leurs concurrents allemands, un avantage concurrentiel déterminant dans la bataille pour attirer les investissements. Les experts estiment que le boom des hydrocarbures de schiste a déjà contribué à la création de centaines de milliers d’emplois aux USA.
Vers un renforcement de la domination américaine ?
Les États-Unis ne cachent d’ailleurs pas leur volonté d’utiliser leur atout énergétique pour renforcer leur suprématie économique mondiale. Dans un contexte de guerre commerciale larvée avec la Chine et de compétition géoéconomique féroce, Washington compte bien sur son énergie à bas coût pour doper son industrie et attirer un maximum d’investissements sur son sol.
L’énergie bon marché est le meilleur outil pour ramener de l’activité manufacturière aux États-Unis.
– A déclaré un haut responsable de l’administration américaine
Reste à voir si cette stratégie sera durable. Les écologistes mettent en garde contre le coût environnemental élevé de l’exploitation des hydrocarbures de schiste. Face à l’urgence climatique, Washington devra aussi miser davantage sur les énergies propres. Mais à court terme, dans le bras de fer économique mondial, l’atout énergétique des États-Unis pourrait bien s’avérer décisif.
L’énergie, nerf de la guerre économique au 21e siècle ?
Les exemples allemand et américain illustrent à quel point les choix énergétiques d’un pays déterminent de plus en plus sa puissance économique et géopolitique. Dans un monde toujours plus gourmand en énergie mais sommé de décarboner, les nations qui sauront assurer leur sécurité d’approvisionnement en énergie décarbonée et compétitive auront un avantage stratégique majeur pour leur économie et leur influence.
Un constat qui pousse d’ailleurs de plus en plus de pays à revoir leur stratégie énergétique, en misant notamment sur le retour en grâce du nucléaire civil et le développement accéléré des énergies renouvelables. Car à l’heure de la mondialisation, disposer d’une énergie sûre et peu chère est plus que jamais un atout décisif dans le grand jeu économique planétaire.
