En ce mois d’octobre agité outre-Atlantique, les derniers chiffres de l’emploi ont de quoi inquiéter à l’approche d’un scrutin présidentiel particulièrement disputé. Alors que le taux de chômage se maintient à 4,1%, seulement 12 000 postes ont été créés selon le département du Travail, un plus bas depuis presque deux ans. Un coup dur pour l’administration en place, qui pourrait en pâtir dans les urnes.
Un cocktail explosif entre mouvements sociaux et catastrophes naturelles
Deux facteurs majeurs expliquent ce net ralentissement de l’emploi en octobre : d’une part, les grèves massives qui ont touché plusieurs secteurs clés comme l’aéronautique, et d’autre part, les dégâts considérables causés par les ouragans Hélène et Milton dans le sud-est du pays. Une double peine pour l’économie américaine.
Boeing cloué au sol par ses salariés
Chez Boeing, les chaînes de montage tournent au ralenti depuis la mi-septembre, les machinistes ayant cessé le travail pour obtenir de meilleures conditions. Un conflit social prolongé qui a pesé lourd dans la balance, les grévistes étant considérés comme sans emploi dans les statistiques.
“L’emploi a diminué dans le secteur manufacturier en raison des grèves”, souligne ainsi le ministère du Travail dans son communiqué.
Une éclaircie pourrait toutefois pointer à l’horizon, les salariés devant se prononcer lundi sur une nouvelle offre de la direction. En cas d’accord, l’activité et l’emploi pourraient repartir de plus belle chez l’avionneur.
Le Sud dévasté par les éléments
Outre les mouvements sociaux, ce sont bien les ouragans Hélène et Milton qui ont mis l’économie à genoux dans plusieurs États du Sud. Avec plus de 200 victimes et des dégâts matériels faramineux, difficile pour les entreprises locales de maintenir leur activité et leurs effectifs.
“C’est la première fois que l’eau endommage l’infrastructure de l’entreprise”, témoigne Aubrey Anderson, PDG d’une société de loisirs en Caroline du Nord durement touchée.
Son site d’Asheville devrait rester fermé toute l’année prochaine, l’obligeant à se séparer de la moitié de ses 100 employés saisonniers. Un cas loin d’être isolé dans ces régions sinistrées où le tissu économique mettra du temps à se relever.
Révisions à la baisse et inquiétudes pour la suite
Pour couronner le tout, les créations d’emplois des deux mois précédents ont été revues à la baisse. Ce sont ainsi 112 000 postes qui sont partis en fumée dans les tableaux du département du Travail. De quoi jeter une ombre supplémentaire à quelques jours d’une élection qui s’annonce serrée.
Même si le gouvernement se veut rassurant et mise sur un rebond en novembre, il n’est pas certain que les électeurs gardent leur confiance. Comme le note une économiste :
“Les ménages ne ressentent pas les bénéfices d’un marché du travail toujours solide et d’un faible taux de chômage”.
Autant de signaux préoccupants, au moment où la banque centrale jongle avec ses taux pour contenir l’inflation sans faire dérailler l’emploi. Son comité de politique monétaire, qui se réunira juste après l’élection, aura certainement ces chiffres en tête au moment de trancher. L’économie américaine n’est clairement pas au bout de ses peines.