L’élection de Donald Trump a ébranlé bien des certitudes sur l’exceptionnalisme américain. Pour l’historien Benjamin Olivennes, ancien élève de l’ENS et fin connaisseur des États-Unis, ce séisme politique évoque étrangement le déclin de l’Empire Romain. Une comparaison osée mais éclairante.
Quand l’Amérique vacille sur ses fondements
Depuis leur naissance, les États-Unis se sont toujours perçus comme un phare de la démocratie guidé par des idéaux universels. « Nous, le peuple », « la vie, la liberté et la poursuite du bonheur », un gouvernement « du peuple, par le peuple, pour le peuple »… autant de mantras gravés dans le marbre de la Constitution. Mais avec l’avènement de Trump, ces nobles principes semblent soudain vaciller.
La campagne de Trump n’a jamais défendu les États-Unis comme un ensemble de principes abstraits, mais comme une nation organique définie par des critères identitaires.
Benjamin Olivennes
Pour Olivennes, ce glissement d’une res publica vers un régime personnel n’est pas sans rappeler les heures sombres de l’Empire Romain. « En renonçant à défendre les valeurs fondatrices pour leur préférer la loi du plus fort, Trump signe la fin d’une certaine idée de l’Amérique« , analyse-t-il.
Le spectre du césarisme
Tout comme les Césars ont progressivement vidé les institutions républicaines romaines de leur substance, le milliardaire new-yorkais semble n’avoir que faire des « checks and balances ». Attaques contre la presse, dénigrement des juges, mépris affiché du Congrès… les parallèles sont légion.
« Trump incarne une forme de césarisme à l’américaine, où le lien direct avec le peuple prime sur le respect des règles et procédures », décrypte l’historien. Un constat inquiétant quand on connaît le destin funeste de la République romaine.
L’histoire, éternelle source d’enseignements
Faut-il pour autant craindre une dérive impériale de la première puissance mondiale ? Si la tentation autoritaire est bien présente, les États-Unis disposent encore de solides garde-fous institutionnels. Mais la vigilance reste de mise, comme le souligne Benjamin Olivennes :
L’histoire de Rome nous enseigne que même les régimes en apparence les plus solides peuvent sombrer dans la tyrannie quand les citoyens renoncent à défendre les valeurs qui les fondent.
Une mise en garde salutaire à l’heure où les sirènes du populisme résonnent avec force des deux côtés de l’Atlantique. Car si l’Amérique veut éviter le sort de Rome, elle devra plus que jamais faire vivre l’esprit de ses pères fondateurs. Un défi de taille pour la république étoilée.