Une lueur d’espoir semble poindre dans le conflit meurtrier qui oppose depuis 13 mois le Hezbollah libanais à Israël. L’émissaire américain Amos Hochstein, en visite à Beyrouth pour tenter de négocier un cessez-le-feu, a annoncé mercredi avoir accompli « des progrès supplémentaires » après son deuxième entretien en deux jours avec le président du Parlement libanais, Nabih Berri.
Fort de cette avancée diplomatique, M. Hochstein a indiqué qu’il se rendrait « dans quelques heures en Israël pour tenter de conclure cela si possible ». Un déplacement prévu en cas de progrès tangibles au Liban, afin de poursuivre les pourparlers avec les autorités israéliennes.
Un plan américain basé sur la résolution 1071 de l’ONU
L’objectif de l’émissaire est d’obtenir l’aval des deux parties sur un plan américain prévoyant un cessez-le-feu et le retrait des forces israéliennes du Liban. Ce plan s’appuie sur la résolution 1071 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui stipule que seuls l’armée libanaise et les Casques bleus soient déployés à la frontière avec Israël et dans le sud du Liban.
Au cours de sa visite, Amos Hochstein a rencontré plusieurs hauts responsables libanais, dont le Premier ministre Najib Mikati et le chef du parti chrétien des Forces Libanaises, Samir Geagea, hostile au Hezbollah. Selon une source diplomatique, certaines modifications au plan américain ont été étudiées lors de ces entrevues.
Israël prêt à poursuivre les opérations malgré une trêve
Si les détails précis de la proposition n’ont pas été dévoilés, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a d’ores et déjà prévenu lundi que son pays continuerait à mener « des opérations » militaires contre le Hezbollah même en cas d’accord de trêve. Une position rejetée par les dirigeants libanais.
Ce conflit, qui a éclaté en octobre 2023, a connu une escalade majeure fin septembre lorsqu’Israël a lancé une campagne massive de bombardements et une offensive terrestre. Depuis, les violences ont fait plus de 3.540 morts, en grande majorité du côté libanais. Israël déplore quant à lui 79 militaires et 46 civils tués.
La communauté internationale mobilisée pour un cessez-le-feu durable
Face à ce bilan humain dramatique, la communauté internationale multiplie les efforts diplomatiques pour tenter de mettre un terme aux hostilités. La France, ancienne puissance mandataire au Liban, a appelé à plusieurs reprises à une cessation immédiate des combats et au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Liban.
De son côté, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a exhorté Israël et le Hezbollah à faire preuve de « retenue maximale » et à permettre une « désescalade urgente » de la situation. Il a également réitéré son soutien à la FINUL, la force intérimaire des Nations unies déployée dans le sud du Liban depuis 1978.
Malgré ces appels pressants, le chemin vers la paix s’annonce encore long et semé d’embûches. Les progrès réalisés à Beyrouth par l’émissaire américain représentent néanmoins un espoir fragile de voir enfin les armes se taire, après plus d’un an d’un conflit dévastateur qui a plongé le Liban dans une crise humanitaire sans précédent.
Le Liban, un pays meurtri par les conflits
Ce nouvel épisode de violences vient s’ajouter à la longue liste des épreuves traversées par le Liban ces dernières décennies. De la guerre civile (1975-1990) au conflit avec Israël en 2006, en passant par les attentats et l’instabilité politique chronique, le pays du Cèdre peine à connaître une paix durable.
La crise économique et financière sans précédent qui frappe le Liban depuis 2019, avec une dégringolade de la monnaie nationale et une explosion de la pauvreté et du chômage, a encore aggravé les souffrances de la population. L’effondrement des services de base, comme l’électricité et l’eau, et les pénuries de médicaments et de carburant ont plongé le pays dans un état de déliquescence avancé.
Le peuple libanais est épuisé, il aspire désespérément à la stabilité et à un avenir meilleur. Seul un processus politique inclusif, doublé d’un soutien international conséquent, pourra sortir le pays de l’ornière.
Sami Nader, politologue libanais
Dans ce contexte dramatique, un cessez-le-feu durable entre le Hezbollah et Israël apparaît plus que jamais comme une nécessité vitale. Non seulement pour mettre fin aux souffrances endurées par les populations civiles des deux côtés de la frontière, mais aussi pour donner au Liban une chance de se reconstruire et de se réconcilier.
Vers une paix globale au Moyen-Orient ?
Au-delà du Liban, c’est toute la région du Moyen-Orient qui aspire à une paix durable et globale. Les conflits qui déchirent la Syrie, le Yémen ou encore l’Irak depuis des années ont fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés et de réfugiés.
Les ingérences étrangères, les rivalités entre puissances régionales et les tensions confessionnelles attisent ces guerres fratricides et empêchent l’émergence de solutions politiques. Seule une volonté sincère de dialogue et de compromis de la part de tous les acteurs, locaux comme internationaux, pourra mettre un terme à ces tragédies humaines.
La communauté internationale, et en premier lieu les Nations unies et les grandes puissances, ont un rôle crucial à jouer pour favoriser ces processus de paix et de réconciliation. Cela passe par une diplomatie active et impartiale, un soutien aux forces de modération et un engagement pour le développement et la reconstruction de ces pays meurtris.
À l’heure où l’émissaire américain s’apprête à se rendre en Israël pour tenter de sceller un accord de cessez-le-feu, c’est un fragile rayon de soleil qui perce au milieu des ténèbres du Moyen-Orient. Puisse-t-il être le prélude à une paix globale et durable dans cette région du monde qui en a tant besoin.
