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L’électricité, dernier espoir des habitants de Pokrovsk en Ukraine

À Pokrovsk, près du front dans l'Est ukrainien, les derniers habitants s'accrochent à l'électricité malgré les bombardements russes pour survivre au rude hiver. Mais jusqu'à quand les réseaux tiendront-ils ?

Dans les rues enneigées de Pokrovsk, à quelques kilomètres de la ligne de front dans l’Est de l’Ukraine, les derniers habitants pressent le pas, le visage bas et le col relevé. Ici, le froid mordant de l’hiver n’est pas leur seul ennemi. Les obus russes pleuvent régulièrement sur cette ville au cœur d’un axe logistique clé pour l’armée ukrainienne. La tactique de Moscou est claire : pilonner les infrastructures énergétiques pour plonger la population dans le noir et briser son moral.

Pokrovsk, qui comptait 60 000 âmes avant la guerre, n’abrite plus qu’environ 11 500 irréductibles selon l’administration militaire. Le chauffage central a rendu l’âme sous les bombes. Pour les habitants, l’électricité est désormais vitale. « Nous survivons grâce au courant », confie Maximiliane Komachniov, épicier de 25 ans. « On utilise des radiateurs et du gaz pour se réchauffer. » Malgré la guerre, le jeune homme veut croire que les lumières continueront de briller. « Nous ne serons pas abandonnés. Tout ira bien pour l’Ukraine », lance-t-il, optimiste.

Une lutte acharnée pour maintenir le courant

Mais la Russie ne l’entend pas de cette oreille. Jeudi, de nouvelles frappes massives, utilisant notamment des bombes à sous-munitions selon le président Zelensky, ont privé plus d’un million d’Ukrainiens d’électricité et forcé de nouveaux rationnements. Des scènes devenues courantes dans le pays. À Pokrovsk, l’approvisionnement n’est que partiel et les délestages menacent.

Pour les équipes de la compagnie d’électricité, c’est une course contre la montre. Casque sur la tête et gilet pare-balles sur le dos, Vitaliï Assinenko et ses collègues s’affairent pour reconnecter les câbles sectionnés par les obus et les drones kamikazes. « Tout le monde a besoin d’électricité, civils comme militaires. C’est vital pour alimenter les radiateurs maintenant qu’il n’y a plus de chauffage », explique calmement cet ingénieur de Pokrovsk, malgré les dangers. Un drone ukrainien de reconnaissance les survole, les protégeant d’éventuelles attaques.

Des habitants stoïques et solidaires

Dans les rues de la ville meurtrie, les rares passants vont à vélo, faute d’essence. « C’est Amsterdam », plaisante un électricien. Certains déménagent chez des amis équipés de chaudières à charbon, au cas où le courant serait coupé. Lidia, une dame d’une soixantaine d’années, est venue faire des courses pour tenir jusqu’au couvre-feu de 15h. Avant de rejoindre son « radiateur pourri » dont dépend sa survie. Et si l’électricité venait à manquer ? « Je ne sais pas », souffle-t-elle, désemparée.

Vitaliï Assinenko, lui, a évacué sa famille lorsqu’un missile a tué ses voisins. Mais cet enfant de Pokrovsk est déterminé à défendre sa ville. « L’essentiel est d’avoir du chauffage. Si nos réseaux tiennent, Pokrovsk vivra. Sinon, il n’y aura plus rien à faire ici », lâche-t-il. Dans cette lutte pour leur survie, les habitants font front, stoïques et solidaires. Combien de temps encore ? Réponse dans les prochaines semaines, alors que l’hiver s’annonce aussi glacial que la guerre.

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