À quelques semaines de l’élection présidentielle américaine qui opposera le républicain Donald Trump à la démocrate Kamala Harris, l’atmosphère est électrique à Bruxelles, siège des institutions européennes et de l’Otan. L’issue du scrutin pourrait en effet avoir des conséquences majeures sur les relations entre les États-Unis et l’Europe dans des domaines clés comme la défense, le soutien à l’Ukraine ou encore le commerce international.
Un Trump bis, le cauchemar des Européens
Si la perspective d’une victoire de Kamala Harris est accueillie avec un certain soulagement côté européen, c’est surtout le spectre d’un retour de Donald Trump à la Maison Blanche qui suscite l’inquiétude. Lors de son précédent mandat, le milliardaire avait en effet adopté une posture très agressive envers ses alliés de l’Otan, menaçant de réduire drastiquement la contribution américaine si les Européens n’augmentaient pas significativement leurs dépenses militaires.
Aujourd’hui, le candidat républicain n’a pas changé de discours, tempêtant contre les “mauvais payeurs” de l’Alliance atlantique. Il a aussi dénoncé les montants considérables débloqués par Washington pour soutenir l’Ukraine face à l’agression russe, laissant planer la menace d’un arrêt de l’aide américaine en cas de victoire.
L’Europe devra faire plus pour sa défense
Face à ces déclarations, les pays européens ont tenté de répondre à l’avance en portant pour plusieurs d’entre eux leurs dépenses militaires à 2% de leur PIB, comme l’exige depuis longtemps Washington. Mais beaucoup savent qu’il faudra faire plus, quel que soit le vainqueur de l’élection.
Il y a une façon “trumpienne” de dire les choses, mais le message sur la nécessité pour l’Europe de faire plus est parfaitement légitime.
Un diplomate européen
L’Ukraine, pomme de discorde
C’est surtout sur la question ukrainienne que les inquiétudes européennes sont les plus vives. Donald Trump a plusieurs fois menacé de stopper le soutien militaire américain à Kiev s’il revenait au pouvoir, promettant de mettre un terme au conflit en 24 heures, sans préciser comment.
Si cela se produisait, l’Europe n’aurait peut-être pas d’autre choix que de prendre le relais de Washington. Mais le front européen pourrait rapidement se fissurer, certaines capitales étant tentées de pousser l’Ukraine à négocier avec Moscou, contre la volonté de Kiev.
Éviter une guerre commerciale
Enfin, c’est sur le plan commercial que les relations entre l’UE et son allié américain pourraient à nouveau se tendre en cas de retour de Donald Trump à la Maison Blanche. L’ex-président avait déjà imposé des taxes sur l’acier et l’aluminium européens lors de son premier mandat. Il agite aujourd’hui la menace de nouveaux droits de douane.
Bruxelles assure être mieux préparée cette fois-ci, avec notamment une liste de produits américains qui pourraient faire l’objet de représailles. Mais personne ne souhaite une nouvelle escalade des tensions. Avec Kamala Harris, les Européens espèrent pouvoir trouver des terrains d’entente, même s’ils savent que la démocrate ne sera pas forcément complaisante, notamment sur la question des dépenses militaires.
Vers une redéfinition durable des relations transatlantiques
Au-delà de l’enjeu de cette élection, c’est donc à une redéfinition profonde et durable des relations entre l’Europe et les États-Unis que les Européens doivent se préparer. Un travail de longue haleine qui nécessitera des efforts des deux côtés de l’Atlantique, quel que soit le locataire de la Maison Blanche pour les quatre prochaines années.
Il y a une forme de paralysie côté européen, face à l’immensité du défi de repenser nos relations avec les États-Unis.
Martin Quencez, expert des questions de défense
Une chose est sûre : le résultat du scrutin du 5 novembre sera scruté avec la plus grande attention à Bruxelles et dans toutes les capitales du Vieux Continent. Avec l’espoir d’y voir un peu plus clair sur l’avenir du partenariat historique entre l’Europe et l’Amérique, mis à rude épreuve ces dernières années.