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L’élan technologique français freiné par un manque d’ambition ?

La France peut-elle encore prétendre au leadership technologique ? Malgré des atouts indéniables, le pays accuse un retard inquiétant face aux mastodontes américains et asiatiques. Un constat qui interpelle sur...

Alors qu’Elon Musk multiplie les projets révolutionnaires, de la conquête spatiale à l’intelligence artificielle, en passant par les voitures autonomes, l’Europe et en particulier la France semblent à la traîne dans la course à l’innovation. Un constat qui soulève des interrogations sur notre capacité à rester dans la course technologique.

Le CNRS, emblème d’une recherche en perte de vitesse ?

Fleuron de la recherche scientifique française, le CNRS fait pourtant l’objet de critiques grandissantes. Certains lui reprochent de s’être éloigné de sa mission initiale pour privilégier les sciences sociales au détriment des sciences dures. Une dérive coûteuse pour une institution qui peine à se réformer et à s’adapter aux nouveaux enjeux.

Que les chercheurs du CNRS qui nous enjoignent de quitter X se demandent plutôt pourquoi il n’y a pas de Musk européen.

Nicolas Bouzou, économiste

Au-delà des choix stratégiques, c’est aussi le manque de moyens qui est pointé du doigt. Avec un budget annuel d’environ 4 milliards d’euros, le CNRS fait pâle figure face aux géants américains de la Tech qui injectent des dizaines de milliards dans la R&D chaque année. Un écart qui se creuse inexorablement et qui menace la compétitivité française à long terme.

Une souveraineté numérique en question

Ce retard technologique n’est pas sans conséquence sur notre indépendance stratégique. Dans des domaines clés comme l’intelligence artificielle, le cloud ou la 5G, la France et l’Europe sont largement dépendantes de technologies américaines ou chinoises. Une situation qui expose nos entreprises et nos citoyens à des risques en matière de sécurité et de protection des données.

  • 80% du marché européen du cloud est détenu par des acteurs non-européens
  • Les équipementiers 5G chinois comme Huawei suscitent des inquiétudes sur l’espionnage
  • Les GAFAM dominent le secteur de l’intelligence artificielle avec des investissements massifs

Face à ces menaces, l’Europe tente de réagir en édictant des réglementations comme le RGPD ou le DMA visant à rééquilibrer le rapport de force avec les géants du numérique. Mais sans une politique industrielle ambitieuse et des investissements à la hauteur, il sera difficile de rattraper notre retard et de garantir notre souveraineté dans le cyberespace.

Investir dans les talents et les secteurs d’avenir

Pour repositionner la France sur l’échiquier technologique mondial, il est urgent de libérer le potentiel de nos chercheurs et de nos startups. Cela passe par un soutien accru à l’innovation, que ce soit via des mécanismes de financement, des incubateurs ou des partenariats public-privé. Il faut aussi miser sur la formation pour attirer et retenir les meilleurs talents dans des domaines comme l’IA, la cybersécurité ou la robotique.

Certaines initiatives vont dans le bon sens, comme le plan quantique lancé par le gouvernement pour rattraper notre retard dans cette technologie de rupture. Mais il faudra des efforts nettement plus conséquents pour espérer jouer dans la cour des grands et tenir tête à des mastodontes comme Google, Apple ou Tencent.

Il faut une véritable prise de conscience au plus haut niveau de l’État. On ne peut pas se contenter d’être un nain technologique dans un monde de géants.

Un expert du numérique qui a requis l’anonymat

Vers un sursaut technologique européen ?

Au-delà des efforts nationaux, c’est aussi à l’échelle européenne que doit s’organiser la riposte face à la domination américaine et à la montée en puissance chinoise. Des projets comme GAIA-X pour le cloud ou l’European Battery Alliance dans le secteur des batteries montrent la voie à suivre pour fédérer les énergies et développer des alternatives crédibles.

Mais pour que l’Europe puisse peser, il faudra dépasser les clivages et les égoïsmes nationaux. La création d’un véritable marché unique du numérique, la mutualisation des investissements et le développement de champions européens seront des étapes indispensables pour espérer exister dans la compétition technologique internationale.

La France, forte de ses atouts scientifiques et de son écosystème dynamique de startups, a un rôle majeur à jouer pour impulser cette dynamique. Encore faut-il qu’elle en ait la volonté et les moyens. Car sans une ambition renouvelée et un soutien massif à l’innovation, le risque est grand de voir notre pays définitivement décroché et marginalisé sur le plan technologique. Un scénario noir qu’il nous appartient collectivement d’éviter.

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