Un rebondissement surprenant vient de se produire sur la scène diplomatique internationale. L’Egypte, pays pourtant lié à Israël par un traité de paix historique, a décidé de se joindre à un appel lancé par la Turquie à l’ONU. Cet appel, soutenu désormais par 53 pays, exhorte l’organisation mondiale à cesser les livraisons d’armes à l’Etat hébreu, invoquant de vives inquiétudes quant à leur utilisation contre les populations palestiniennes.
Un contexte de tensions exacerbées
Cette initiative diplomatique intervient dans un contexte particulièrement tendu. Depuis plus d’un an, Israël est engagé dans un conflit meurtrier contre le Hamas dans la bande de Gaza, tout en affrontant au Liban le Hezbollah pro-iranien, allié du mouvement islamiste palestinien. Les bombardements israéliens sur Gaza ont fait de nombreuses victimes civiles et suscité une vive indignation internationale.
L’Egypte dénonce les violations du droit international
Dans un communiqué officiel publié mardi soir, le ministère égyptien des Affaires étrangères a justifié sa décision. Il explique que le ralliement du Caire à cet appel s’inscrit dans le cadre des “efforts internationaux visant à faire pression sur Israël pour qu’il cesse ses violations continues du droit international et du droit international humanitaire”. L’objectif est également de mettre fin aux “violations israéliennes” contre le peuple palestinien et de protéger les populations civiles.
“Vendre des armes à Israël revient à participer à son génocide”
Hakan Fidan, ministre turc des Affaires étrangères
Un appel international de plus en plus suivi
Cet appel, lancé à l’origine par la Turquie il y a quelques jours, prend désormais une ampleur internationale considérable. Parmi les 53 pays signataires, on retrouve des puissances majeures comme l’Arabie saoudite, le Brésil, l’Algérie, la Chine, l’Iran et la Russie. Deux organisations régionales influentes, la Ligue arabe et l’Organisation de la coopération islamique, ont également apporté leur soutien.
Le mois dernier déjà, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait appelé l’ONU à imposer un embargo sur les armes à Israël, estimant qu’il s’agissait de la “solution efficace” pour mettre un terme au conflit à Gaza. Mais le ralliement de l’Egypte à cette initiative marque un véritable tournant, étant donné les relations diplomatiques privilégiées qu’entretiennent traditionnellement Le Caire et Tel-Aviv.
Des efforts diplomatiques jusqu’ici infructueux
Depuis plusieurs mois, l’Egypte, aux côtés du Qatar et des Etats-Unis, jouait un rôle de médiateur dans des pourparlers indirects visant à parvenir à un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Mais ces efforts diplomatiques n’ont pour l’instant pas abouti à des résultats concrets sur le terrain, les affrontements se poursuivant avec leur lot quotidien de victimes.
Dans ce contexte, le ralliement de l’Egypte à l’appel en faveur d’un embargo sur les armes apparaît comme un moyen de pression supplémentaire sur Israël. Reste à savoir si cette initiative suffira à infléchir la position de l’État hébreu et à l’amener à cesser ses opérations militaires, alors que le gouvernement de Benjamin Netanyahu semble pour l’instant déterminé à poursuivre son offensive malgré les condamnations internationales.
Ce revirement spectaculaire de l’Egypte illustre en tout cas la complexité et la volatilité du jeu diplomatique au Moyen-Orient. Il témoigne aussi de l’exaspération croissante de la communauté internationale face à l’enlisement du conflit israélo-palestinien et à son terrible coût humain. Les prochains jours diront si cet électrochoc diplomatique peut contribuer à un retour à la paix dans la région ou si, une fois de plus, la voix des armes primera sur celle de la diplomatie.