Alors que les tensions s’intensifient dans la Corne de l’Afrique, l’Égypte vient d’annoncer une décision majeure : le pays va participer à la nouvelle force de maintien de la paix de l’Union africaine en Somalie dès janvier prochain. Cette annonce intervient à un moment charnière, juste avant le retrait prévu de l’actuelle mission de transition de l’UA (ATMIS) à la fin de l’année.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a précisé lors d’une conférence de presse au Caire que cette décision fait suite à une demande expresse du gouvernement somalien, qui a reçu l’aval du Conseil de paix et de sécurité de l’UA. L’Égypte entend ainsi réaffirmer son soutien indéfectible à la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Somalie.
Un contexte régional tendu
Cette annonce survient dans un contexte de vives tensions dans la région. Récemment, l’Éthiopie a signé un accord maritime controversé avec le Somaliland, une région séparatiste de la Somalie. Un rapprochement qui a poussé Mogadiscio à se tourner vers Le Caire, rival régional d’Addis-Abeba.
Grâce à une médiation turque saluée par la communauté internationale, les deux voisins de la Corne de l’Afrique ont finalement trouvé un terrain d’entente ce mois-ci pour mettre un terme à près d’un an de conflit. Mais la Somalie a clairement fait savoir que les troupes éthiopiennes ne seraient pas les bienvenues au sein de la future force de l’UA, contrairement à une participation égyptienne.
Une coopération militaire renforcée
L’engagement égyptien en Somalie ne date pas d’hier. En août dernier, les deux pays avaient déjà signé un accord de coopération militaire et un pacte de défense lors de la visite au Caire du président somalien Hassan Sheikh Mohamud. Une alliance qui s’est encore renforcée en octobre, avec un sommet tripartite réunissant l’Égypte, l’Érythrée et la Somalie, perçu comme une volonté d’écarter l’Éthiopie.
Il faut dire que l’Égypte et l’Éthiopie s’opposent de longue date sur la question du grand barrage de la Renaissance, qui menace selon Le Caire son approvisionnement en eau du Nil. En soutenant la Somalie, l’Égypte cherche donc aussi à contrer l’influence éthiopienne dans la région.
Une participation encore floue
Si l’engagement de l’Égypte dans la future mission de l’UA en Somalie semble acté, l’ampleur de sa participation reste encore inconnue à ce stade. Le ministre Abdelatty est en effet resté évasif sur les détails concrets du déploiement égyptien.
La nouvelle force, baptisée Mission de soutien et de stabilisation de l’Union africaine en Somalie (AUSSOM), aura la lourde tâche de poursuivre la lutte contre les insurgés islamistes shebabs après le départ de l’ATMIS. Un défi de taille, qui nécessitera assurément un engagement fort et durable de l’UA et de ses États membres.
Dans ce contexte, le soutien de l’Égypte, puissance régionale, sera sans nul doute un atout précieux pour le gouvernement somalien. Reste à savoir dans quelle mesure Le Caire est prêt à s’impliquer sur le terrain, alors que le pays fait déjà face à de multiples défis sécuritaires sur son propre sol et à ses frontières.
Une chose est sûre : avec cette annonce, l’Égypte entend réaffirmer son rôle de leader dans la région et peser de tout son poids dans les équilibres géopolitiques de la Corne de l’Afrique. Un engagement qui sera scruté de près par ses voisins et partenaires dans les mois à venir.