ActualitésSociété

L’Église Catholique Se Mobilise Face à la Loi sur la Fin de Vie

L'Église catholique se mobilise face au projet de loi sur la fin de vie. Découvrez l'appel de l'évêque de Nantes à une messe spéciale « pour le respect de la vie humaine » et les réactions dans les paroisses...

Face à l’avancée du projet de loi sur la fin de vie, qui doit être débattu à l’Assemblée nationale à partir du 8 juin, l’Église catholique monte au créneau. Mgr Laurent Percerou, évêque de Nantes, a appelé à la célébration d’une messe « pour le respect de la vie humaine », le vendredi 7 juin, veille des débats parlementaires. Une initiative qui trouve un large écho dans les paroisses de Loire-Atlantique, où la mobilisation contre la future loi s’organise.

Un « basculement anthropologique » pour l’évêque de Nantes

Dans un communiqué, Mgr Percerou invite toutes les paroisses et communautés religieuses du diocèse de Nantes à célébrer une messe spéciale le 7 juin, jour de la Solennité du Sacré-Cœur. Pour l’évêque, l’enjeu est de taille. Il voit dans le projet de loi « un basculement anthropologique grave » :

Faire sauter le verrou de l’interdit de tuer, c’est faire sauter ce qui structure nos sociétés démocratiques. Une société est là pour aider à vivre.

Mgr Laurent Percerou, évêque de Nantes

Mgr Percerou craint qu’au final, cette loi ne conduise « les personnes âgées ou grands malades à se dire que leur vie ne vaut plus le coup d’être vécue ». Face à ce qu’il considère comme une dérive, il rappelle qu’une « autre voie est possible : celle de l’accompagnement jusqu’au bout », à travers notamment le développement des soins palliatifs.

Conférences, jeûnes, prières : les paroisses se mobilisent

L’appel de l’évêque de Nantes trouve un large écho sur le terrain. De nombreuses initiatives sont prises localement par les paroisses pour sensibiliser les fidèles aux enjeux du débat sur la fin de vie :

  • Organisation de conférences-débats, comme à Saint-Nazaire le 4 juin.
  • Lancement de jeûnes de protestation par certains prêtres.
  • Évocation du sujet lors des messes dominicales, avec des prières spéciales.
  • Invitation des paroissiens à écrire à leurs parlementaires pour exprimer leurs réserves.

Le père Arnaud Laganier, curé de Saint-Nazaire, explique sa démarche : « C’est l’occasion de refaire une sensibilisation. Ça n’est pas contre la loi, mais pour ouvrir le débat. » De son côté, le père Augustin Drillon, curé dans le Val-d’Erdre, témoigne : « Je ne veux blesser personne. Je ne fais pas de politique, je fais de l’Évangile ».

Les soins palliatifs, l’autre voie prônée par l’Église

Pour l’Église, la solution à la souffrance de fin de vie ne passe pas par l’euthanasie mais par le développement des soins palliatifs. Mgr Percerou en a fait lui-même l’expérience lors des derniers jours de son père. Il souligne qu’en unité de soins palliatifs, la plupart des patients qui avaient un désir de mort y renoncent, car ils sont entourés et apaisés.

Problème : l’accès aux soins palliatifs reste insuffisant en France. Un français sur deux qui en aurait besoin n’y a pas accès, faute de structures et de moyens suffisants. Le gouvernement a promis d’y remédier, avec la création d’unités dans les 21 départements qui en sont encore dépourvus. Mais pour les acteurs de terrain, il faudra aussi renforcer les effectifs des équipes mobiles.

Vers un débat apaisé sur une question éthique majeure ?

Au-delà des prises de position, l’enjeu est de permettre un vrai débat serein et approfondi sur cette question éthique majeure qu’est la fin de vie. C’est le vœu des responsables religieux, qui ne veulent pas d’une loi votée dans la précipitation. Mais c’est aussi le souhait des associations de soins palliatifs, qui plaident pour une réflexion globale sur l’accompagnement de la fin de vie, au-delà du seul dilemme binaire « pour ou contre l’euthanasie ».

Les états généraux de la bioéthique, conclus en 2018, avaient été l’occasion d’un large débat public, sans aboutir à un consensus sur la fin de vie. La principale évolution actée à l’époque était de renforcer les droits des malades, avec la possibilité d’une sédation profonde et continue jusqu’au décès. Le projet de loi actual propose d’aller plus loin, avec un droit à « l’assistance médicalisée active à mourir » sous conditions.

Le débat promet d’être intense dans les semaines à venir. Au-delà de leurs convictions respectives, chacun s’accorde au moins sur un point : l’accompagnement de la dernière étape de la vie est un sujet trop grave pour être traité à la légère. Il engage notre rapport collectif à la dignité de l’existence humaine, de son premier souffle à son dernier soupir.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.