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L’Église catholique laisse la porte ouverte à l’ordination des femmes diacres

Un tournant pour l'Église catholique ? Lors d'un sommet au Vatican, la question de l'ordination des femmes comme diacres a été laissée "ouverte", une première étape historique dans la reconnaissance du rôle des femmes. Mais la route est encore longue...

Un vent de changement semble souffler sur l’Église catholique. Lors d’un récent sommet mondial au Vatican portant sur l’avenir de l’institution, une question sensible a été mise sur la table : l’ordination des femmes comme diacres. Si l’Église n’a pas franchi le pas, elle a néanmoins décidé de laisser cette possibilité “ouverte”, un premier pas vers une potentielle évolution historique du rôle des femmes au sein du catholicisme.

Un discernement qui doit se poursuivre

Dans le document final approuvé par le pape François à l’issue d’un mois de débats, on peut ainsi lire que “la question de l’accès des femmes au ministère diaconal reste ouverte” et que “ce discernement doit se poursuivre”. Une formulation prudente, mais qui marque tout de même une inflexion dans la position traditionnelle de l’Église sur ce sujet sensible.

Le texte souligne par ailleurs que “les femmes et les hommes ont une dignité égale en tant que membres du peuple de Dieu”, tout en reconnaissant que “les femmes continuent à rencontrer des obstacles pour obtenir une plus grande reconnaissance” de leur rôle au sein de l’institution.

Le diaconat, un ministère encore réservé aux hommes

Actuellement, comme pour les prêtres, et contrairement à d’autres confessions chrétiennes, l’Église catholique n’autorise que les hommes à être diacres. Ce ministère permet de célébrer baptêmes, mariages et funérailles, mais pas les messes. Une limitation que de nombreuses voix, notamment en Europe et en Amérique du Nord, appellent à faire évoluer.

Vers des rôles de direction pour les femmes ?

Au-delà de la question spécifique du diaconat, le document final du sommet affirme qu’il “n’y a aucune raison ni aucun obstacle qui puisse empêcher les femmes d’exercer des rôles de direction dans l’Église”, sans toutefois préciser lesquels. Une ouverture qui pourrait préfigurer une plus grande place des femmes dans les instances décisionnelles du Vatican et des diocèses.

La prêtrise féminine, un tabou qui persiste

En revanche, la question de l’ordination des femmes prêtres, réclamée par de nombreuses associations catholiques progressistes, n’a pas été abordée lors de ce sommet. Un tabou qui semble encore difficile à briser pour l’institution multiséculaire, malgré les appels croissants à l’égalité des sexes en son sein.

Il est temps que l’Église reconnaisse pleinement les dons et les talents des femmes, au service de toute la communauté des croyants.

Une théologienne catholique

Un chemin encore long vers l’égalité

Si la possibilité d’ordonner des femmes diacres constituerait indéniablement une avancée, le chemin vers une véritable égalité des sexes au sein de l’Église catholique semble encore long et semé d’embûches. De nombreux conservateurs au Vatican et dans l’épiscopat restent farouchement opposés à toute évolution sur ces questions, au nom d’une certaine vision de la tradition et de l’anthropologie chrétienne.

Pourtant, comme le souligne une théologienne engagée citée par une source proche du dossier, “il est temps que l’Église reconnaisse pleinement les dons et les talents des femmes, au service de toute la communauté des croyants”. Un défi majeur pour l’institution catholique au XXIe siècle, alors que la société civile progresse vers toujours plus d’égalité et de parité.

Des signaux encourageants sous le pontificat de François

Depuis son élection en 2013, le pape François a envoyé plusieurs signaux d’ouverture sur la place des femmes dans l’Église. Il a ainsi nommé pour la première fois des femmes à des postes de responsabilité au Vatican, notamment à la tête de dicastères (l’équivalent de ministères). Des gestes symboliques qui témoignent d’une volonté de faire évoluer les mentalités, même si les avancées concrètes restent limitées.

Le débat sur l’ordination des femmes diacres s’inscrit dans cette dynamique de réforme prudente initiée par François. S’il est encore trop tôt pour parler de révolution, cette petite phrase glissée dans le document final du récent sommet mondial montre que la question n’est plus totalement taboue au sommet de l’Église. Un premier pas qui en appelle d’autres pour que le catholicisme adapte son message d’égalité et de fraternité à l’évolution des sociétés contemporaines.

Un débat qui divise les catholiques

Loin de faire l’unanimité, la perspective d’ordonner des femmes diacres suscite des réactions contrastées chez les fidèles et le clergé. Si une partie des catholiques y voit un progrès nécessaire pour moderniser l’Église et la rendre plus inclusive, d’autres s’inquiètent d’une dérive qui remettrait en cause la spécificité des différents ministères ordonnés et la complémentarité homme-femme au cœur de l’anthropologie chrétienne traditionnelle.

Il ne s’agit pas de céder à un quelconque féminisme militant, mais de reconnaître la dignité et les charismes propres des femmes dans l’Église.

Un évêque favorable à l’ordination des femmes diacres

Face à ces résistances, les partisans d’une plus grande ouverture aux femmes dans les ministères arguent qu’il s’agit d’un enjeu de crédibilité et de fidélité à l’Évangile. “Il ne s’agit pas de céder à un quelconque féminisme militant, mais de reconnaître la dignité et les charismes propres des femmes dans l’Église”, insiste un évêque européen favorable à l’ordination des femmes diacres.

Une réflexion qui s’inscrit dans un contexte mondial

Au-delà des seuls enjeux internes à l’Église catholique, le débat sur la place des femmes dans les religions est un sujet de société majeur à l’échelle planétaire. Dans de nombreux pays, des mouvements féministes interpellent les autorités religieuses sur la persistance de pratiques et de discours perçus comme patriarcaux et discriminatoires.

En ouvrant la porte, même timidement, à une évolution du rôle des femmes en son sein, l’Église catholique envoie un signal important. Sans renier sa doctrine et sa tradition, elle montre qu’elle entend prendre en compte les aspirations d’une partie des fidèles et s’adapter, à son rythme, aux évolutions sociétales. Un équilibre délicat entre permanence et renouvellement, au cœur des défis qui attendent le catholicisme du XXIe siècle.

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