En ce dimanche législatif au Sénégal, les enjeux sont élevés pour le gouvernement du bouillant Ousmane Sonko. Arrivé au pouvoir il y a huit mois sur une vague d’aspiration au changement, le nouveau pouvoir veut les coudées franches pour appliquer son programme de « panafricanisme de gauche ». Pour cela, une confortable majorité à l’Assemblée est indispensable.
Un scrutin pour changer de cap
Environ 7,3 millions d’électeurs sénégalais sont appelés aux urnes pour élire les 165 députés qui siégeront pour un mandat de cinq ans. D’après une source proche du parti au pouvoir Pastef, l’objectif est clair : « obtenir la majorité la plus large possible pour mieux dérouler le mandat présidentiel. » Un mandat axé sur la lutte contre le chômage des jeunes et la justice sociale.
Tôt ce matin, les files d’attente s’étiraient déjà devant les bureaux de vote de Dakar. Pascal Goudiaby, 56 ans, ne cachait pas son espoir de voir le Pastef l’emporter : « C’est pour permettre au gouvernement de bien travailler. La priorité absolue doit être donnée à l’emploi des jeunes. »
Bassirou Faye, un président novice mais ambitieux
Si Bassirou Diomaye Faye a créé la surprise en remportant la présidentielle dès le premier tour en mars dernier, c’est bien son mentor Ousmane Sonko qui tire les ficelles du pouvoir. Élu sans aucune expérience exécutive mais porté par une soif de changement, le jeune président de 46 ans entend bien réviser la constitution « sans passer par un référendum », dixit son entourage. Pour cela, une majorité des 3/5e au parlement est requise.
Autre chantier annoncé qui nécessite une Assemblée acquise à sa cause : la mise en accusation de l’ancien président Macky Sall, qui a quitté le pouvoir affaibli après deux mandats controversés. Les partisans d’Ousmane Sonko voient en lui l’incarnation d’une « rupture » et d’une « nouvelle ère ».
L’opposition redoute les dérives
Face à la détermination du pouvoir, les voix dissidentes se font entendre. Pour une partie de l’opposition, confier les pleins pouvoirs à un exécutif jugé « extrémiste » ou « incompétent » représente un danger. Ils craignent les dérives autoritaires et une politique économique « irresponsable ».
“Donner un blanc-seing à Ousmane Sonko et ses amis serait une folie. Ils n’ont ni l’expérience ni la sagesse pour diriger ce pays.”
Un responsable de l’opposition souhaitant rester anonyme
L’élection de ce dimanche sera donc décisive. Selon les analystes, le Sénégal a pour habitude de confirmer aux législatives le vote exprimé à la présidentielle. Mais dans un contexte économique et social tendu, rien n’est joué d’avance. Les résultats préliminaires devraient être connus lundi dans la journée.
Les enjeux économiques et sociaux
Au-delà des joutes politiques, ce sont bien les défis du quotidien qui préoccupent les Sénégalais. Avec un taux de chômage des jeunes avoisinant les 25%, la question de l’emploi est sur toutes les lèvres. Lutter contre la vie chère, relancer la croissance, réduire les inégalités : autant de promesses sur lesquelles Ousmane Sonko et son équipe seront attendus.
“Nous voulons du concret. Des emplois, des salaires décents, une vie meilleure pour nos enfants. C’est tout ce qui compte.”
Fatou, vendeuse sur un marché de Dakar
L’Assemblée élue aura donc la lourde tâche d’accompagner les réformes économiques et sociales dans un pays qui aspire au changement. Quelle que soit sa composition finale, elle devra se montrer à la hauteur des attentes d’un peuple sénégalais en quête d’un nouveau souffle.