Au lendemain des élections législatives, c’est la douche froide pour le patronat français. Si la défaite du Rassemblement National est accueillie avec soulagement, l’émergence d’une gauche radicale portée par la NUPES et son programme économique suscite une vive inquiétude dans les milieux d’affaires. Retour sur les raisons de ces craintes.
Un résultat électoral source d’incertitudes
Avec aucune majorité claire se dégageant des urnes, les chefs d’entreprise redoutent une période d’instabilité politique néfaste pour les affaires. Jean-François Rial, président de Voyageurs du Monde, fustige ainsi le “triomphalisme” déplacé de Jean-Luc Mélenchon au vu de ce “résultat sans vainqueur évident”.
Seule une coalition modérée entre la gauche et Renaissance, si LR ne la censure pas, peut permettre une majorité relative. La priorité est de renforcer la sécurité et les services publics en réformant la dépense.
Jean-François Rial, président de Voyageurs du Monde
Un programme de gauche radical
Mais c’est surtout le programme porté par la NUPES sous l’influence de la France Insoumise qui cristallise les peurs. Avant le premier tour, un conseil de grands patrons qualifiait ainsi ce programme d’“anticapitaliste”, bien plus dangereux à leurs yeux que celui du RN.
- Hausse du SMIC
- Taxation des “superprofits”
- Planification écologique
- Réforme des retraites
Autant de mesures vues comme des dangers potentiellement mortels par le patronat. Pour Jean-François Rial, le programme de LFI est tout simplement “stupéfiant et dangereux”.
Des entreprises déjà fragilisées
Cette inquiétude s’ajoute à un contexte déjà compliqué pour les entreprises françaises. Entre inflation galopante, difficultés d’approvisionnement et pénurie de main d’œuvre, l’économie tricolore navigue déjà en eaux troubles. L’incertitude politique et la perspective de réformes économiques de grande ampleur sont vues comme des facteurs de risques supplémentaires.
Le spectre des nationalisations
Parmi les propositions les plus alarmantes aux yeux des milieux économiques figure la nationalisation de certains groupes et secteurs clés. De quoi rappeler les heures sombres du programme commun de la gauche dans les années 70 et 80.
On a l’impression de revenir 40 ans en arrière, à l’époque de Mitterrand et des 110 propositions. C’est une vision étatiste et dirigiste de l’économie totalement inadaptée au monde actuel.
Un grand patron du CAC40 sous couvert d’anonymat
Si les chances de voir ces mesures appliquées semblent minces au vu du rapport de force à l’Assemblée, leur simple évocation suffit à semer le trouble chez les décideurs économiques. De quoi fragiliser encore un peu plus l’économie française dans un contexte international déjà très incertain.