À quelques jours du second tour des élections législatives, la question des consignes de vote agite la classe politique française. Alors que de nombreux candidats de la majorité se sont retirés pour faire barrage au Rassemblement National, le premier ministre Gabriel Attal a surpris en refusant de donner des consignes de vote, y compris en cas de duel entre le RN et LFI. Une position pour le moins ambigüe qui soulève des interrogations sur la stratégie du gouvernement.
Attal ne veut pas “donner de consigne de vote”
Invité mercredi soir sur BFMTV, Gabriel Attal a déclaré ne pas vouloir donner de consigne de vote car selon lui, “les Français ne répondent pas aux consignes”. Il estime que “chaque citoyen votera en son âme et conscience”, même dans les cas de figure où les électeurs devront choisir entre un candidat RN et un candidat LFI.
Encore heureux qu’un électeur fasse ce qu’il veut, sinon on serait dans un autre modèle en France.
Gabriel Attal
Cette position détonne avec les appels répétés des derniers jours à faire barrage au RN. Le premier ministre lui-même avait pourtant alerté dimanche soir sur les dangers que représenterait selon lui une victoire de l’extrême-droite. Mais il semble aujourd’hui vouloir laisser les électeurs face à leur libre-arbitre, quitte à prendre le risque de divisions au sein de son propre camp.
Un “front républicain” fragilisé
Cette posture en demi-teinte fragilise un peu plus le “front républicain”, déjà mis à mal ces derniers jours. Entre ceux appelant à un “ni-ni” excluant de voter RN ou LFI, et ceux prônant le soutien inconditionnel à la gauche pour faire barrage à l’extrême-droite, les appels à l’unité peinent à masquer les dissonances.
En refusant de donner une ligne claire, Gabriel Attal entretient le flou et place les électeurs Macronistes face à un dilemme cornélien dans les circonscriptions où leur candidat est éliminé. Faut-il suivre les consignes locales de désistement, voter pour le “moins pire”, ou bien s’abstenir ? La question divise et pourrait peser sur la participation dimanche.
Une stratégie à double tranchant pour la majorité
En laissant de côté les consignes nationales, Gabriel Attal semble miser sur une approche pragmatique et locale. Une stratégie potentiellement payante dans les circonscriptions indécises, mais à double tranchant. Le camp présidentiel prend en effet le risque de voir une partie de son électorat se démobiliser, voire se reporter sur les autres blocs en lice.
Cette position ambivalente révèle en creux les difficultés de la majorité, prise en étau entre deux oppositions radicales qu’elle a elle-même contribué à renforcer. En refusant le “front républicain”, Gabriel Attal joue une partie serrée dont l’issue reste incertaine. Réponse dans les urnes dimanche.