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Législatives : La France Insoumise divise en investissant Quatennens

Les investitures de La France Insoumise aux législatives font des vagues : Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales, est investi tandis que des figures historiques comme Raquel Garrido et Alexis Corbière sont écartées. Un cocktail explosif qui...

En cette veille d’élections législatives, La France Insoumise (LFI) fait face à une tempête politique sans précédent. Alors que le parti venait de sceller un accord historique avec ses partenaires de gauche sous la bannière du Nouveau Front populaire, la publication de sa liste d’investitures a fait l’effet d’une bombe.

Quatennens investi malgré sa condamnation

Le cas le plus emblématique est celui d’Adrien Quatennens, député sortant du Nord. Condamné en décembre 2022 à quatre mois de prison avec sursis pour violences conjugales, sa reconduction faisait débat à gauche. Pourtant, ce fidèle de Jean-Luc Mélenchon a bien été investi, au grand dam de nombreux militants et électeurs.

À toutes celles et ceux qui s’opposeraient ou douteraient de la pertinence de ma candidature, sachez que je vous comprends. J’espère pouvoir, humblement, et par mes actions, regagner votre confiance.

Adrien Quatennens, député LFI du Nord

Des figures historiques écartées

Mais la surprise fut encore plus grande en constatant l’absence de plusieurs figures historiques du mouvement. Danielle Simonnet, élue à Paris, ainsi que le couple de députés de Seine-Saint-Denis Raquel Garrido et Alexis Corbière, incarnant une ligne plus critique en interne, n’ont pas été retenus.

Une obscure commission électorale de LFI a décidé de ne pas m’investir comme candidat. Une punition pour avoir fait entendre des critiques en interne. La honte.

Alexis Corbière, député LFI

Accusations de purge et de sectarisme

Ces décisions ont immédiatement été qualifiées de “purge” ou de “sectarisme” par les intéressés et leurs soutiens. Raquel Garrido a dénoncé des “méthodes qui dégoûtent”, estimant qu’on lui faisait payer ses désaccords avec Jean-Luc Mélenchon.

Honte sur toi Jean-Luc Mélenchon. C’est du sabotage. Mais je ferai mieux. Nous ferons mieux.

Raquel Garrido, députée LFI

Même le député François Ruffin, pourtant épargné, a pris la défense de ses collègues évincés :

Vous préférez un homme qui frappe sa femme, auteur de violences conjugales, à des camarades qui ont l’impudence d’avoir un désaccord avec le grand chef. Notre démocratie mérite mieux que vous.

François Ruffin, député LFI

Un parti divisé à l’aube des législatives

Ces dissensions internes interviennent au pire moment pour LFI, à quelques semaines d’un scrutin législatif crucial. Après avoir réussi l’exploit de rassembler la gauche autour d’un programme commun, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon se retrouve confronté à ses propres contradictions.

Entre la reconduction d’un député condamné pour violences faites aux femmes et la mise à l’écart de figures historiques jugées trop critiques, les choix de LFI interrogent sur sa capacité à incarner le renouveau démocratique qu’il prône. Une situation explosive qui risque de peser lourd dans les urnes.

Car au-delà des personnalités, c’est bien la ligne politique du mouvement qui semble en jeu. En sanctionnant les voix dissonantes, LFI donne l’image d’un parti où le débat n’a plus sa place, où la fidélité au chef prime sur toute autre considération. Un virage autoritaire difficilement conciliable avec les valeurs de justice sociale et d’égalité défendues par ailleurs.

L’avenir de la gauche en question

Ces déchirements interrogent plus largement sur l’avenir de la gauche française. Alors que l’union semblait enfin à portée de main, les vieux démons de la division refont surface. Entre les ambitions personnelles, les ego surdimensionnés et les luttes de pouvoir, la perspective d’une alternative crédible s’éloigne.

Pourtant, rarement les attentes des Français envers le monde politique n’ont été aussi fortes. Face aux crises multiples qui traversent notre société, de l’urgence climatique aux inégalités croissantes, les citoyens aspirent à un véritable changement de cap. Un défi immense que la gauche, de par son histoire et ses valeurs, devrait être en mesure de relever.

Mais pour cela, elle doit impérativement se réinventer, en remettant l’intérêt général et la démocratie participative au cœur de son projet. Cela passe par une refondation profonde de ses pratiques, en bannissant l’entre-soi, le sectarisme et le culte de la personnalité. Un chantier titanesque qui ne pourra réussir sans l’implication de toutes les forces vives progressistes, des militants aux intellectuels en passant par les mouvements sociaux.

Les législatives qui s’annoncent constitueront un test grandeur nature pour La France Insoumise et, au-delà, pour l’ensemble de la gauche. Soit elle parvient à dépasser ses querelles intestines pour se hisser à la hauteur des enjeux, soit elle risque de sombrer durablement dans l’insignifiance politique. L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : la route est encore longue et semée d’embûches.

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