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Législatives en Géorgie : Washington exige une enquête sur des fraudes

La victoire controversée du parti pro-russe aux législatives géorgiennes soulève des accusations de fraudes. Washington exige une enquête, tandis que l'opposition appelle à manifester. La Géorgie, tiraillée entre la Russie et l'Europe, se trouve à un tournant...

L’odeur de la fraude électorale plane sur la Géorgie. Au lendemain des législatives remportées par le parti pro-russe au pouvoir, les accusations fusent et les tensions montent. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a exigé ce dimanche une enquête approfondie sur de possibles irrégularités, évoquant des “informations faisant état de violations”. Une demande qui fait écho aux protestations de l’opposition pro-européenne, qui conteste les résultats et appelle à manifester ce lundi.

Un scrutin sous haute surveillance

Les élections législatives de samedi étaient scrutées de près, tant les enjeux géopolitiques sont élevés pour ce petit pays du Caucase. Tiraillée entre la Russie et l’Occident, la Géorgie se trouve à un tournant décisif de son histoire. Selon les résultats officiels, le parti “Rêve géorgien”, au pouvoir depuis 2012 et considéré comme proche du Kremlin, l’aurait emporté avec plus de 54% des voix. Un score contesté par la coalition pro-UE, créditée de 37,58%.

Pour l’opposition, il ne fait aucun doute que le scrutin a été entaché d’irrégularités. “Il s’agit d’élections volées”, a martelé son leader, dénonçant une “falsification totale” et une “opération russe”. Des allégations graves, qui trouvent un écho jusqu’à Washington et Bruxelles.

L’UE et les USA s’en mêlent

Outre Antony Blinken, le président du Conseil européen Charles Michel a lui aussi plaidé pour une enquête “rapide, transparente et indépendante” sur de possibles fraudes. Une prise de position forte, qui illustre les craintes occidentales de voir la Géorgie basculer définitivement dans le giron de Moscou.

Car l’enjeu dépasse largement les frontières géorgiennes. Après l’Ukraine, une nouvelle victoire russe dans l’ancien espace soviétique serait un camouflet pour les Européens et les Américains. À l’inverse, un ancrage démocratique et un rapprochement avec l’UE constitueraient un symbole fort. Pas étonnant donc que toutes les chancelleries occidentales suivent l’affaire de très près.

La rue gronde

En attendant, c’est dans la rue que la contestation s’organise. L’opposition a appelé à une grande manifestation ce lundi à Tbilissi, la capitale. Déjà en mai dernier, de vastes rassemblements avaient secoué le pays, pour protester contre une loi jugée trop favorable à la Russie. Signe d’une colère qui ne faiblit pas et d’un pays plus que jamais polarisé.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, seul dirigeant européen proche de Vladimir Poutine, doit d’ailleurs se rendre en Géorgie lundi pour une visite officielle. De quoi jeter encore un peu plus d’huile sur le feu, au moment où les relations entre Tbilissi et Bruxelles n’ont jamais été aussi tendues.

La Géorgie a le choix entre deux destins : celui d’une démocratie européenne et celui d’un pion russe. Les prochains jours seront décisifs.

Un diplomate occidental en poste à Tbilissi

La bataille de l’information

Au-delà des manifestations, c’est aussi une véritable guerre informationnelle qui se joue. Moscou est régulièrement accusé de mener des campagnes de désinformation et d’ingérence dans les processus électoraux de ses voisins. Un scénario qui semble se répéter en Géorgie, où des médias proches du pouvoir relaient la thèse d’un complot occidental.

Face à ces manoeuvres, l’opposition tente de mobiliser la société civile et appelle la communauté internationale à la rescousse. Son espoir : que la pression extérieure pousse le régime à accepter un nouveau scrutin, sous supervision internationale cette fois. Un scénario encore hypothétique, mais qui illustre l’importance des enjeux.

Entre la Russie et l’Europe, l’avenir de la Géorgie en jeu

Car au-delà des questions de régularité du vote, c’est bien la direction que prendra le pays qui est en jeu. Depuis son indépendance en 1991, la Géorgie n’a cessé d’osciller entre Est et Ouest, au gré des changements de gouvernement et des pressions extérieures. Un grand écart périlleux, qui a déjà valu au pays une guerre avec la Russie en 2008 et la perte de contrôle sur deux régions séparatistes, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud.

Aujourd’hui, la tentation russe reste forte, attisée par la dépendance énergétique et les liens culturels et historiques qui unissent les deux pays. Mais en face, l’attrait de l’Union européenne et de l’Otan n’a jamais été aussi puissant, porté par une jeunesse avide de liberté et de prospérité. Un dilemme cornélien, qui place la Géorgie au coeur de la grande bataille géopolitique entre la Russie et l’Occident.

Et c’est bien cette bataille qui se joue, en filigrane, derrière les urnes géorgiennes. Les prochains jours seront décisifs. Entre protestations de rue et pressions diplomatiques, rien n’est encore joué. Mais une chose est sûre : l’ombre de Moscou n’a jamais été aussi présente sur le Caucase. Et avec elle, le risque de voir un pays basculer un peu plus dans l’orbite russe. Un scénario cauchemardesque pour les Occidentaux et pour tous ceux qui rêvent d’une Géorgie européenne et démocratique.

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