Alors que les élections législatives viennent de se tenir en Géorgie, le pays se trouve déjà plongé dans une nouvelle crise politique. Quatre jours après un scrutin entaché d’irrégularités selon l’opposition, le parquet géorgien a annoncé l’ouverture d’une enquête pour “falsification présumée” des résultats.
Selon les chiffres officiels, le parti Rêve géorgien, formation au pouvoir depuis 2012 et accusée par ses détracteurs de dérive autoritaire pro-russe, est sorti vainqueur. Mais dans ce petit pays du Caucase anciennement soviétique, la présidente pro-occidentale Salomé Zourabichvili conteste ces résultats, dénonçant un système “sophistiqué” de fraudes.
La présidente convoquée pour témoigner des fraudes présumées
Mercredi, les procureurs géorgiens ont convoqué Mme Zourabichvili afin qu’elle détaille ses accusations à l’encontre du parti Rêve géorgien, estimant qu’elle “est susceptible de détenir des preuves” d’une éventuelle falsification du scrutin. Un entretien est prévu ce jeudi.
Pour la cheffe de l’État, en rupture avec le gouvernement, une méthodologie russe de fraudes aurait été employée. Dans un entretien accordé lundi à l’AFP, elle évoquait notamment des “achats de voix” et des “pressions” exercées sur les électeurs.
De multiples irrégularités dénoncées
Depuis l’annonce des résultats samedi soir, l’opposition refuse de les reconnaître, Salomé Zourabichvili en tête. Ils dénoncent une élection “volée”. Des observateurs internationaux, l’Union européenne et les États-Unis ont aussi fait part de leurs doutes quant à la régularité du processus électoral.
Face à ces allégations, un nouveau comptage partiel des voix a été ordonné dans 14% des bureaux. Démarré mardi, il est toujours en cours. Bruxelles et Washington ont explicitement demandé à Tbilissi d’ouvrir des enquêtes sur ces soupçons d'”irrégularités significatives”.
La Russie accusée d’ingérence, le Kremlin dément
Dans ce contexte tendu, la Russie est pointée du doigt. Selon des sources proches de la présidence géorgienne, Moscou aurait cherché à influencer le scrutin pour favoriser le parti Rêve géorgien, perçu comme plus favorable au Kremlin que l’opposition pro-occidentale. Des accusations “infondées” aux yeux de la Russie, qui réfute toute ingérence.
Une voix discordante s’est cependant fait entendre au sein de l’UE. Lors d’une visite à Tbilissi en début de semaine, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, proche de Vladimir Poutine, a salué la victoire de Rêve géorgien, estimant que les élections avaient été “libres et démocratiques”. Un soutien appuyé qui a fait grincer des dents à Bruxelles.
Tensions autour du cap pro-occidental
Au cœur de ces tensions politiques se trouve la question de l’orientation stratégique du pays. Alors que l’adhésion à l’UE et à l’OTAN est un objectif inscrit dans la Constitution géorgienne, les opposants accusent Rêve géorgien de s’en éloigner pour se rapprocher de Moscou.
Les prochains développements de l’enquête sur ces soupçons de fraude électorale seront donc scrutés de près. Ils pourraient influer sur la trajectoire future de ce pays du Caucase, écartelé entre aspirations occidentales et influence russe.
En attendant, la Géorgie retient son souffle. L’issue de cette crise post-électorale, qui met en lumière les profondes divisions traversant la société, sera déterminante pour l’avenir de sa jeune démocratie et son positionnement géopolitique dans une région sous haute tension.