En plein cœur de la campagne des élections législatives, la Commission européenne vient d’adresser un sérieux avertissement à la France concernant la dérive de son déficit public. Si officiellement le message s’adresse au gouvernement, il vise en réalité, en filigrane, les deux formations politiques données en tête des scrutins : le Rassemblement national (RN) et le Nouveau Front populaire (NFP).
Bruxelles s’inquiète des promesses électorales coûteuses
Alors que RN et NFP rivalisent de promesses électorales onéreuses, la Commission européenne a ouvert la voie, mercredi, au lancement d’une procédure pour déficit excessif à l’encontre de la France. Les déficits publics français ont en effet atteint 5,5 % du PIB fin 2023, un niveau significativement supérieur au seuil des 3 % exigé par les règles budgétaires européennes.
Si pour l’instant il ne s’agit que d’une proposition, il ne fait guère de doute que les ministres des Finances de l’UE approuveront formellement les analyses de l’exécutif européen lors de leur réunion du 16 juillet prochain. La France, deuxième économie de la zone euro, pourrait donc bien se retrouver sous le coup d’une procédure pour déficit excessif, avec à la clé une surveillance accrue de ses finances publiques par Bruxelles.
Les propositions budgétaires en question
Cet avertissement intervient alors que les deux favoris des législatives, Marine Le Pen pour le RN et Jean-Luc Mélenchon pour le NFP, multiplient les propositions budgétaires généreuses. Baisse de la TVA sur l’énergie et certains produits de première nécessité, retraite à 60 ans, augmentation du SMIC et des petites pensions… Autant de mesures qui risquent de creuser encore plus le déficit et la dette publique française, déjà parmi les plus élevés d’Europe.
Il est essentiel de garantir une réduction progressive du déficit pour assurer une trajectoire viable de la dette.
Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne
Un casse-tête budgétaire en perspective
Si la victoire de l’un de ces deux partis se confirme, le prochain gouvernement français aura fort à faire pour concilier ses promesses de campagne et les exigences de Bruxelles en matière de maîtrise des comptes publics. Un véritable casse-tête budgétaire en perspective, qui risque de tendre encore un peu plus les relations déjà compliquées entre Paris et les institutions européennes sur les questions de governance économique.
La campagne des législatives, focalisée jusqu’ici sur les thématiques régaliennes comme l’immigration ou la sécurité, pourrait donc bien se voir rattrapée par les réalités économiques et les contraintes budgétaires européennes. De quoi compliquer encore un peu plus l’équation pour les prétendants à Matignon.