C’est un jour décisif pour le Sénégal. Ce dimanche, environ 7,3 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour élire leurs 165 députés qui siégeront à l’Assemblée nationale pour les cinq prochaines années. Un scrutin aux enjeux majeurs pour le nouveau pouvoir en place depuis à peine huit mois.
Un exécutif en quête d’une large majorité
Portés au pouvoir en mars dernier, le président Bassirou Diomaye Faye et son bouillant Premier ministre Ousmane Sonko, leader du parti Pastef, ont besoin d’une majorité confortable au Parlement pour appliquer leur ambitieux programme. Leur agenda, qualifié de “rupture” et axé sur la justice sociale, nécessite en effet des réformes d’ampleur.
Jusqu’à présent, le nouvel exécutif a dû composer avec une Assemblée encore dominée par les soutiens de l’ancien président Macky Sall, donnant lieu à une cohabitation conflictuelle pendant plusieurs mois. Le président Faye a fini par dissoudre l’Assemblée dès que les délais constitutionnels le lui ont permis, en septembre dernier, ouvrant la voie à ces élections anticipées.
Réviser la Constitution sans passer par un référendum
L’objectif pour le pouvoir est clair : obtenir une majorité des trois cinquièmes au Parlement. Ce seuil permettrait au gouvernement de réviser la Constitution comme il s’y est engagé, sans avoir à passer par la case référendum. Une telle majorité donnerait aussi la possibilité de mettre en accusation l’ancien président Macky Sall, une perspective agitée par certains proches du nouveau régime.
L’opposition met en garde contre un “pouvoir hégémonique”
Face à ces ambitions, l’opposition ne décolère pas. Elle dénonce la volonté de l’exécutif de s’arroger un “pouvoir hégémonique” et pointe du doigt son “extrémisme” et son “incompétence”. Les adversaires du président Faye et de son mentor Ousmane Sonko les accusent de vouloir imposer leur agenda politique sans contre-pouvoir, au mépris du fonctionnement démocratique des institutions.
Les Sénégalais confirment généralement leur vote de la présidentielle
Historiquement, les Sénégalais ont pourtant tendance à confirmer lors des élections législatives leur choix exprimé à la présidentielle, comme le soulignent de nombreux analystes politiques. Un paramètre qui pourrait favoriser le nouveau pouvoir en place, porté en mars dernier par un fort désir de changement au sein de la population, en particulier chez les jeunes.
J’espère que le Pastef va gagner les élections pour avoir la majorité, c’est pour mieux dérouler leur mandat. La priorité c’est le chômage, les jeunes sont tellement confrontés au chômage.
Pascal Goudiaby, 56 ans, un électeur interrogé par l’AFP
Premiers résultats attendus lundi matin
Les bureaux de vote ont ouvert à 8 heures ce matin et fermeront à 18 heures. Selon des sources proches du processus électoral, des projections fiables de la future composition de l’Assemblée nationale pourraient être disponibles dès lundi matin grâce à une centralisation rapide des résultats par les médias.
Ces élections législatives marqueront quoi qu’il arrive un tournant pour le Sénégal. Soit elles donneront au nouveau pouvoir les coudées franches pour appliquer son programme de “rupture”, soit elles le contraindront à composer avec une opposition déterminée à jouer son rôle de contre-pouvoir. Verdict dans les prochaines heures.
