Au Japon, la bataille électorale fait rage en cette veille de scrutin législatif. Les candidats jettent leurs dernières forces dans une campagne où l’avenir du parti au pouvoir, le PLD, est plus qu’incertain. Plusieurs sondages prédisent en effet que la formation du Premier ministre Shigeru Ishiba pourrait perdre sa précieuse majorité au Parlement.
Un test crucial pour Shigeru Ishiba
Arrivé au pouvoir le 1er octobre, Shigeru Ishiba, 67 ans, a convoqué ces élections anticipées pour tenter de renforcer son emprise. Promettant un “nouveau Japon”, il espère surfer sur une “lune de miel” politique pour appliquer son programme conservateur : renforcement de la sécurité et de la défense, soutien accru aux foyers modestes, revitalisation des campagnes… Mais le pari semble risqué.
Selon plusieurs enquêtes d’opinion, le PLD et son allié le Komeito peinent à rassembler les 233 sièges synonymes de majorité absolue à la chambre basse. Un tel résultat serait quasi-inédit pour ce parti dominant quasiment sans partage la vie politique nippone depuis 1955. En cas de déroute, Shigeru Ishiba pourrait démissionner immédiatement, devenant le Premier ministre au mandat le plus court depuis 1945.
La situation est extrêmement grave.
Shigeru Ishiba, Premier ministre japonais
Un parti miné par les scandales
Ce scrutin intervient dans un contexte difficile pour le PLD, éclaboussé par un scandale de financement. Des dizaines de ses membres ont été sanctionnés pour ne pas avoir déclaré des millions d’euros. Shigeru Ishiba avait promis de faire le ménage, mais selon la presse, le parti a malgré tout versé des fonds aux sections locales dirigées par les responsables impliqués, suscitant la colère de l’opposition.
Le Premier ministre est aussi critiqué pour ses revirements, notamment sur la question sensible du nom de famille unique pour les couples mariés, une réforme à laquelle les conservateurs sont fermement opposés. Des hésitations qui nourrissent la défiance des électeurs.
L’opposition à l’affût
Face à un PLD affaibli, l’opposition entend bien tirer son épingle du jeu. Le Parti démocratique constitutionnel (PDC) de Yoshihiko Noda, ancien Premier ministre, est au coude-à-coude avec les candidats de la majorité dans de nombreuses circonscriptions. Il dénonce un parti au pouvoir à la solde des lobbies, qui délaisse les plus vulnérables.
La politique du PLD consiste à mettre en œuvre rapidement des mesures pour ceux qui leur donnent beaucoup d’argent. Mais les personnes en position vulnérable, qui ne peuvent pas offrir d’argent, ont été ignorées.
Yoshihiko Noda, leader du PDC
Pour les analystes, si le PLD devrait rester la première force à la Diète, l’équilibre des pouvoirs va se resserrer. Le PDC pourrait incarner une alternative crédible, même si ses chances de victoire restent limitées par les divisions de l’opposition. Verdict dimanche soir, au terme d’un scrutin à haut risque pour Shigeru Ishiba et le système qui gouverne le Japon depuis près de 70 ans.