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Législatives Argentines : Les Enjeux Cruciaux pour Milei

En Argentine, les législatives de 2025 testent Javier Milei. Entre austérité et polarisation, son avenir politique est en jeu. Quel sera l’impact sur l’économie ?

En Argentine, un vent de changement souffle-t-il encore, ou s’essouffle-t-il sous le poids des défis économiques et politiques ? À l’approche des élections législatives du 26 octobre 2025, le président ultralibéral Javier Milei se trouve à un tournant décisif. Deux ans après son élection fracassante, portée par un discours anti-caste et une promesse de rupture, il doit désormais consolider son pouvoir dans un Parlement fragmenté, tout en affrontant une économie en berne et une société divisée. Ces élections, qui renouvellent la moitié des députés et un tiers des sénateurs, pourraient redéfinir la capacité de Milei à imposer ses réformes audacieuses. Voici une plongée dans les enjeux majeurs de ce scrutin, où chaque vote compte pour façonner l’avenir de l’Argentine.

Un Scrutin aux Enjeux Multiples pour Milei

En 2023, Javier Milei a bouleversé le paysage politique argentin avec une victoire écrasante, portée par un rejet massif de l’élite politique traditionnelle. Mais cette révolution personnelle s’est heurtée à une faiblesse structurelle : son parti, La Libertad Avanza, manque d’ancrage législatif. Aujourd’hui, ces élections sont une opportunité pour renforcer sa base parlementaire et faire avancer son agenda de dérégulation. Mais les obstacles sont nombreux : une opposition péroniste en quête de renouveau, une société lassée par l’austérité, et des tensions financières amplifiées par un peso fragile. Analysons les cinq clés qui définissent ce moment charnière.

1. Une Victoire Paradoxale : Gagner sans Dominer

Javier Milei a bâti sa campagne de 2023 sur un discours de rupture, incarnant un ras-le-bol face à une inflation galopante et une classe politique perçue comme déconnectée. Avec 56 % des voix, il a triomphé personnellement, mais son parti n’a obtenu qu’une faible représentation au Parlement : seulement 37 députés sur 257 et une poignée de sénateurs. Ce déséquilibre a freiné ses ambitions, notamment sur des projets de privatisations ou de réformes économiques radicales, souvent bloqués par un Congrès sans majorité absolue.

Pour 2025, les sondages montrent un duel serré entre La Libertad Avanza et l’opposition péroniste, avec un léger avantage pour cette dernière. Pourtant, Milei pourrait tirer son épingle du jeu : une augmentation de sa base législative, même modeste, lui permettrait de peser davantage. Atteindre un tiers des sièges renforcerait son pouvoir de veto, un levier crucial pour protéger ses réformes. Comme il l’a lui-même déclaré :

Un tiers des sièges, ce serait un bon chiffre.

Javier Milei

Mais la majorité absolue reste un horizon lointain, et chaque siège gagné sera une bataille.

2. Une Polarisation Persistante et une Troisième Voie

Le paysage politique argentin se divise en deux blocs principaux, avec une tentative émergente de briser cette dualité. D’un côté, le camp de Milei, parfois allié au parti libéral Propuesta Republicana (PRO), qui soutient ses textes sans être formellement dans la coalition gouvernementale. De l’autre, l’opposition péroniste, dominante pendant près de deux décennies, mais affaiblie par sa défaite de 2023. Cette dernière tente de se réinventer, portée par des figures comme Axel Kicillof, gouverneur de la province de Buenos Aires, qui émerge comme un leader potentiel pour 2027.

Une troisième force, Provinces unies, cherche à dépasser cette polarisation. Composée de partis provinciaux, elle mise sur un discours fédéraliste, mêlant centre-droit et centre-gauche, pour capter les électeurs fatigués des querelles nationales.

Pourtant, l’absence d’un programme clair chez les péronistes et la fragmentation des oppositions pourraient bénéficier à Milei, à condition qu’il maintienne l’élan de son discours anti-élite.

3. L’Économie : Succès Fragiles, Coûts Sociaux Lourds

Milei revendique des victoires économiques majeures : l’inflation, qui culminait à 200 % en 2023, est redescendue à 31 % en glissement annuel, et le budget argentin affiche un équilibre inédit depuis 14 ans. Mais ces résultats ont un prix. Une politique d’austérité drastique a entraîné la perte de plus de 200 000 emplois et une contraction économique de 1,8 % en 2024, avec une reprise timide prévue pour 2025.

Dans les rues, le mécontentement gronde. Hector Sanchez, un serveur de 62 ans, exprime un désarroi partagé :

On est pareil qu’il y a deux ans, mais pire. Et l’espoir qui était là n’y est plus.

Hector Sanchez, électeur

Ce désenchantement, combiné à des scandales touchant l’entourage de Milei, comme des liens présumés avec un narcotrafiquant, ternit son image de champion de l’anti-caste.

4. L’Influence Américaine : Trump à la Rescousse

Un allié inattendu est entré en scène : Donald Trump. En pleine tempête financière, l’ancien président américain a offert à l’Argentine une ligne de crédit de 20 milliards de dollars, avec des discussions pour un soutien supplémentaire via des banques privées. Ces interventions visent à stabiliser le peso, menacé par une possible dévaluation post-électorale. Mais cette aide suscite des critiques acerbes :

Les ordres viennent désormais de Washington. Trump est le directeur de campagne de Milei.

Axel Kicillof

Certains économistes évoquent même un risque de Viet Nam financier pour les États-Unis, contraints de soutenir une Argentine au bord de l’insolvabilité. Pour les Argentins, la crainte d’une dépréciation du peso plane, accentuant l’incertitude autour du scrutin.

5. Un Lion en Mutation ?

Surnommé le Lion, Milei a légèrement adouci son style depuis une défaite régionale en septembre 2025. Moins d’attaques virulentes, plus de gestes envers les gouverneurs provinciaux et une reconnaissance des Argentins vulnérables : le président semble chercher un ton plus fédérateur. Pourtant, il n’a pas abandonné son énergie de rockeur, comme en témoigne un récent meeting-concert, destiné à galvaniser sa base.

Ce pragmatisme pourrait-il porter ses fruits ? Selon Gabriel Vommaro, politologue, Milei pourrait opter pour des alliances conjoncturelles pour faire avancer des réformes moins radicales qu’espéré.

Mais une véritable coalition élargie semble improbable, tant Milei reste attaché à son image d’outsider.

Les Défis à Venir : Réformer ou Stagner

Les résultats de ces législatives détermineront si Milei peut accélérer ses réformes ou s’il restera englué dans un Parlement divisé. Voici les principaux enjeux en résumé :

  • Renforcer la base législative : Gagner des sièges pour peser sur les votes et protéger les réformes.
  • Surmonter la polarisation : Contenir l’opposition péroniste et marginaliser la troisième voie.
  • Restaurer la confiance : Répondre au désenchantement social face à l’austérité.
  • Stabiliser l’économie : Éviter une dévaluation du peso et gérer l’influence étrangère.

Pour Milei, l’équation est complexe : maintenir son aura de réformateur tout en convainquant une population épuisée par les sacrifices. Les Argentins, eux, oscillent entre espoir déçu et crainte d’un retour en arrière. Le 26 octobre 2025 pourrait marquer un tournant, ou révéler les limites d’une révolution inachevée.

Alors que l’Argentine retient son souffle, une question demeure : Milei, le Lion, saura-t-il rugir assez fort pour imposer sa vision, ou devra-t-il apprendre à composer ? Les urnes parleront, et l’avenir du pays en dépend.

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