À moins d’une semaine du premier tour des élections législatives anticipées, la bataille pour le contrôle de l’Assemblée nationale s’intensifie. Alors que les Français s’apprêtent à retourner aux urnes ce dimanche, les dernières projections en sièges dessinent un paysage politique en plein bouleversement. Le Rassemblement national et la gauche unie poursuivent leur dynamique, menaçant sérieusement la majorité présidentielle qui s’érode au fil des sondages.
Le RN en pole position, la gauche talonne
Porté par les bons scores de Marine Le Pen à la présidentielle et par l’alliance avec les amis d’Éric Ciotti, le Rassemblement national apparaît comme le grand favori de ce scrutin législatif anticipé. Notre dernière enquête Ifop-Fiducial pour Le Figaro, LCI et Sud Radio crédite l’« union des droites » de 36% des intentions de vote, en hausse de 0,5 point en une semaine. Un niveau jamais atteint pour le RN qui pourrait récolter entre 220 et 260 sièges selon nos projections, soit potentiellement la majorité relative à l’Assemblée.
Dans le même temps, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES), qui rassemble LFI, le PS, EELV et le PCF, confirme sa bonne dynamique. La gauche unie gagne 1 point et atteint désormais les 30%. De quoi espérer entre 180 et 210 députés selon nos projections, loin devant son score de 2017.
La majorité présidentielle s’effrite
À l’inverse, la majorité présidentielle semble payer le prix de son usure du pouvoir et des séquelles des retraites. Malgré le bilan mis en avant, la nouvelle alliance Renaissance-Modem-Horizons recule à nouveau dans notre sondage, à 27% (-0,5). Un affaiblissement qui devrait se traduire par une perte sèche d’une centaine de sièges, la privant d’une majorité absolue. Un sérieux revers pour Emmanuel Macron qui pourrait se retrouver en situation de cohabitation.
Des équilibres politiques chamboulés
Si ces projections se confirment, c’est un véritable séisme politique qui s’annonce à l’Assemblée nationale. Avec un RN en force, une gauche revigorée et une majorité relative sans alliés évidents, les rapports de force seront profondément remaniés au Palais Bourbon.
L’exécutif serait contraint de négocier texte par texte pour tenter de constituer des majorités de circonstance, avec le risque de blocages et de paralysie. Un scénario inédit sous la Ve République, pourtant envisagé dès sa réécriture en cas de majorités antagonistes.
L’abstention, l’autre enjeu du scrutin
Au-delà de la recomposition politique à venir, c’est aussi la question de la participation qui sera scrutée dimanche. Après un record d’abstention à la présidentielle (26,3%), les Français seront-ils au rendez-vous des urnes malgré la lassitude démocratique ?
Notre sondage anticipe une légère baisse du taux de participation à 63,5% (-0,5 point en une semaine). Mais cette estimation reste très incertaine tant les régionales ont montré la volatilité de la mobilisation électorale. L’abstention et les reports de voix auront un impact décisif sur le second tour et donc la future composition de l’Assemblée nationale.
Des duels à haut risque au second tour
Car si le RN semble bien placé à l’issue du premier tour, rien n’est encore joué pour le second. Tout dépendra de la capacité de la gauche et de la majorité à rassembler largement face aux candidats de l’extrême droite pour l’emporter dans les duels.
Les réserves de voix seront déterminantes pour l’emporter dans les triangulaires et les duels, notamment RN-NUPES qui s’annoncent très serrés dans de nombreuses circonscriptions.
explique Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop
Le report des électeurs de la majorité présidentielle sera particulièrement décisif dans ces affrontements. Appelleront-ils à faire barrage au RN en se reportant sur la gauche unie ou préféreront-ils s’abstenir, au risque de faire élire les candidats de Marine Le Pen ? Emmanuel Macron n’a pas donné de consigne nationale pour l’instant.
Une seule certitude, les soubresauts politiques ne font que commencer. À une semaine du premier tour, tous les scénarios restent ouverts, de la cohabitation au blocage en passant par une majorité relative. Mais une chose est sûre, la nouvelle Assemblée ne ressemblera pas à la précédente, chamboulée par de nouveaux équilibres et de nouvelles fractures. Vivement le 19 juin pour en avoir le cœur net !