C’est désormais officiel : Olaf Scholz sera le seul candidat du Parti social-démocrate (SPD) pour mener la bataille des élections législatives allemandes prévues en février prochain. Son unique rival en interne, le ministre de la Défense Boris Pistorius, a en effet annoncé jeudi soir qu’il jetait l’éponge, mettant fin à plusieurs jours de spéculations et de remous au sein du parti. Une clarification qui ne sera pas de trop pour le chancelier sortant, qui s’apprête à relever un défi de taille pour se succéder à lui-même.
Un chancelier en difficulté dans les sondages
Car si la voie est désormais libre pour Olaf Scholz au sein du SPD, la route s’annonce particulièrement ardue vers un second mandat à la chancellerie. Les derniers sondages sont en effet plus que moroses pour le dirigeant social-démocrate et son parti. Selon une étude publiée jeudi pour la chaîne ARD :
- L’opposition conservatrice est donnée largement en tête avec 33% des intentions de vote
- L’extrême droite pointe à 19%
- Le SPD n’est crédité que de 14%, au même niveau que les écologistes
Des chiffres particulièrement préoccupants à quelques mois d’un scrutin crucial, qui avaient conduit certains cadres du parti à remettre en cause la candidature d’Olaf Scholz ces derniers jours. Boris Pistorius, nettement plus populaire que le chancelier dans les études d’opinion, apparaissait comme une alternative crédible. Mais le ministre de la Défense a finalement choisi de ne pas se lancer dans la course, affirmant ne pas être “disponible pour la candidature au poste de chancelier”.
Boris Pistorius se range derrière Olaf Scholz
Dans une vidéo mise en ligne jeudi soir, Boris Pistorius a au contraire affiché son soutien au chef du gouvernement, assurant qu’Olaf Scholz était “le bon candidat à la chancellerie”. Il a indiqué vouloir participer activement à la campagne pour “une social-démocratie forte” et “mettre fin” au débat sur le meilleur candidat.
“Nous avons avec Olaf Scholz un chancelier excellent, c’est le bon candidat à la chancellerie.”
Boris Pistorius, ministre allemand de la Défense
Un signal fort envoyé pour resserrer les rangs du SPD et éviter les déchirements, alors que le débat sur le leadership commençait à sérieusement agiter le parti. Certains élus sociaux-démocrates étaient en effet sortis du bois ces derniers jours pour réclamer qu’Olaf Scholz renonce à mener la campagne. Des remises en cause qui menaçaient de plomber un peu plus une formation déjà fragilisée.
Le SPD fragilisé après l’échec de la coalition
Le Parti social-démocrate apparaît en effet ébranlé depuis l’implosion début novembre de la coalition gouvernementale qu’il dirigeait avec les Verts et les Libéraux. Un éclatement provoqué par le départ du parti libéral FDP en raison de profondes divergences sur la politique à mener face à la crise économique et énergétique liée à la guerre en Ukraine.
Olaf Scholz avait alors décidé de convoquer des élections législatives anticipées, dans l’espoir de clarifier le paysage politique et de reconstituer une majorité autour du SPD. Mais avec sa popularité en berne, le pari semble plus qu’incertain, voire risqué. D’autant que le chancelier sortant se retrouve quelque peu esseulé, privé de l’alliance avec les écologistes qui avait porté sa victoire en 2021.
Scholz espère capitaliser sur la prudence vis-à-vis de l’Ukraine
Dans ce contexte, Olaf Scholz semble vouloir miser sur son image d’homme pondéré et prudent dans le soutien militaire à l’Ukraine. Une posture censée répondre au pacifisme fortement ancré dans l’opinion publique allemande et à un courant pro-russe non négligeable hérité de l’époque de la RDA.
Ainsi, le chancelier refuse toujours de fournir à Kiev des missiles de longue portée Taurus, contrairement à ce qu’ont décidé les États-Unis, la France ou la Grande-Bretagne. Une position soutenue par 61% des Allemands selon le dernier sondage ARD, mais critiquée par l’opposition conservatrice.
“C’est une chose à laquelle les citoyens doivent réfléchir lors des prochaines élections, savoir si le cap du soutien déterminé mais aussi de la prudence, qui est le mien et celui du SPD, peut-être maintenu ou pas.”
Olaf Scholz, chancelier allemand
La stratégie est risquée, Olaf Scholz s’exposant à l’accusation de “laisser tomber l’Ukraine”, comme le souligne l’hebdomadaire Der Spiegel. Mais le chancelier semble déterminé à s’y tenir, y voyant sans doute une des seules cartes à jouer pour tenter de renverser la tendance dans une campagne qui s’annonce plus que difficile. Les prochaines semaines diront s’il a vu juste ou si le SPD s’achemine vers une cinglante défaite.