À la veille du second tour des élections législatives, qui s’annonce particulièrement tendu, Paris se prépare au pire. Alors que les sondages prédisent un score serré entre la majorité présidentielle et le Rassemblement National, les autorités ont décidé de déployer un dispositif de sécurité exceptionnel pour parer à toute éventualité. Une mesure qui en dit long sur le climat délétère qui règne sur ces élections.
Sièges des partis et institutions sous haute protection
Dès 18h dimanche, les sièges du Rassemblement National et de Renaissance, le parti présidentiel, seront placés sous la protection rapprochée des forces de l’ordre. Même chose pour les lieux de pouvoir comme l’Assemblée nationale, Matignon et l’Élysée. Des effectifs de la direction de l’ordre public et de la circulation (DOPC) ainsi que des CRS et gendarmes mobiles seront mobilisés pour assurer la sécurité de ces sites sensibles.
Cette décision fait suite à l’appel lancé par l’organisation d’ultragauche Action antifasciste Paris Banlieue à manifester devant l’Assemblée dimanche soir. Un rassemblement finalement interdit par la préfecture de police, qui craint des débordements.
Paris sous surveillance aérienne
Pour avoir une vue d’ensemble de la situation, les autorités vont également déployer des drones au-dessus de la capitale tout au long de la soirée électorale. Une première qui témoigne de l’inquiétude des pouvoirs publics face aux risques de troubles à l’ordre public.
Au vu du contexte actuel, les effectifs feront preuve d’une vigilance renforcée sur l’ensemble des dispositifs
Préfecture de police de Paris
Commerces barricadés par crainte des casseurs
Face à la menace de violences et de dégradations, de nombreux commerçants parisiens ont préféré barricader leurs vitrines en prévision du scrutin. Ils craignent une réédition des scènes de chaos qui avaient émaillé les précédentes élections et les nombreuses manifestations contre la réforme des retraites.
Des images qui illustrent le climat de défiance qui s’est installé et les profondes fractures qui divisent la société française. Quel que soit le résultat de ce second tour, le prochain gouvernement aura fort à faire pour apaiser les tensions et restaurer la confiance.
Legislatives sous haute tension
Ces mesures de sécurité exceptionnelles sont à la hauteur des enjeux de ce scrutin législatif. Après la courte victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle face à Marine Le Pen, la question est de savoir si le chef de l’État parviendra à conserver une majorité à l’Assemblée pour gouverner.
Face à lui, le RN espère réaliser une percée historique et s’imposer comme la première force d’opposition. La France Insoumise et la Nupes rêvent eux d’imposer une cohabitation au président. Des enjeux énormes qui expliquent la fébrilité ambiante.
Un test pour la démocratie
Au delà du résultat, c’est la solidité de la démocratie française qui est en jeu. Après des années de crises et de contestations, de la crise des Gilets Jaunes à la fronde contre la réforme des retraites, le système politique semble plus fragilisé que jamais.
La montée des extrêmes, l’abstention record, la défiance envers les élites… Autant de signaux inquiétants qui obligent à repenser en profondeur notre modèle démocratique. Le défi des prochaines années sera de retisser le lien entre les citoyens et leurs représentants et de répondre à la crise de la représentation.
Un chantier immense et urgent, quel que soit le verdict des urnes ce dimanche. Car sans un sursaut collectif et un vrai projet de société rassembleur, c’est notre cohésion nationale et notre contrat social qui risquent de voler en éclats.
