Les élections législatives françaises de 2024 sont entrées dans une phase décisive avec la conclusion du premier tour et l’approche imminente du second. Les résultats initiaux et les projections pour le tour final soulèvent de nombreuses interrogations quant à la composition de la future Assemblée Nationale. Un élément clé qui influencera l’issue de ce scrutin est le jeu complexe des désistements, avec pas moins de 209 candidats qui se sont retirés de la course.
Un Premier Tour Révélateur mais Non Décisif
Le premier tour des législatives 2024 a livré ses verdicts, avec quelques enseignements notables mais sans pour autant sceller définitivement le sort de cette élection :
- Le Rassemblement National et ses alliés ont enregistré un score significatif, plaçant 39 de leurs candidats en position d’élus dès le premier tour.
- Le Nouveau Front Populaire et divers gauche ont également réalisé une performance solide avec 33 élus.
- La majorité présidentielle, le centre, et les “barons” LR limitent les dégâts avec 5 élus.
Mais au-delà de ces chiffres bruts, c’est bien la dynamique des reports de voix et l’impact des désistements qui détermineront les rapports de force à l’Assemblée.
Le “Front Républicain” à l’Épreuve du RN
Face à la poussée du Rassemblement National, les autres forces politiques tentent de faire barrage en se ralliant derrière le concept du “front républicain”. Cela se traduit concrètement par une vague de désistements :
- 76 candidats de la majorité présidentielle se retirent au profit du NFP
- 2 “barons” LR font de même
- 131 candidats NFP se désistent pour la majorité présidentielle ou des “barons” LR
La question centrale est donc de savoir combien, parmi les 174 candidats RN et alliés arrivés en tête, parviendront à l’emporter malgré ce front commun de leurs adversaires. Les projections et l’analyse des situations circonscription par circonscription offrent quelques éléments de réponse.
Des Bastions et des Zones d’Incertitude pour le RN
Dans 87 circonscriptions, les candidats RN et alliés semblent en position très favorable, avec des scores supérieurs à 45% ou des avances conséquentes sur leurs concurrents. Parmi ces bastions potentiels :
- 39 duels contre le NFP et divers gauche
- 39 face-à-face avec la majorité présidentielle et alliés
- 16 confrontations avec des “barons” LR et divers droite
Mais la bataille fait rage dans de nombreux autres terrains électoraux plus disputés. 174 candidats RN et alliés, bien qu’arrivés en tête au premier tour, doivent faire face à des challengers menaçants, qu’il s’agisse de la majorité présidentielle, du NFP, ou de figures locales de la droite.
La Gauche et la Macronie en Embuscade
Si l’attention se focalise sur le duel entre le RN et le “front républicain”, il ne faut pas négliger les autres forces en présence. Le NFP et la gauche disposent de positions solides dans 87 circonscriptions, même si certaines restent incertaines face à la concurrence du RN ou de la majorité.
Quant au camp présidentiel et ses satellites, ils peuvent s’appuyer sur 64 ballotages favorables, principalement face au RN et à la gauche. Les “barons” LR, eux, jouent leur survie dans 25 circonscriptions.
Vers une Assemblée Nationale Morcelée ?
Au-delà des enjeux locaux et des duels de second tour, c’est bien la question de la gouvernabilité du pays qui se profile. Avec un morcellement du paysage politique et des bastions puissants mais isolés, il semble délicat pour une force d’obtenir à elle seule la majorité absolue.
Dès lors, l’hypothèse d’une Assemblée Nationale fragmentée, obligeant aux tractations et aux compromis, prend de l’épaisseur. Les législatives 2024, loin de clarifier la situation politique, pourraient ouvrir une période d’incertitude et de recomposition. Une chose est sûre : le second tour sera scruté avec une attention toute particulière, tant ses résultats influenceront la conduite des affaires du pays pour les années à venir.
