Alors que la France se prépare pour les élections législatives anticipées de 2024, tous les regards sont tournés vers la participation électorale. Selon un récent sondage Ifop-Fiducial, celle-ci pourrait atteindre 64%, soit une hausse spectaculaire de 16,5 points par rapport au dernier scrutin de 2022. Comment expliquer un tel sursaut citoyen, et quelles en sont les implications pour les différents blocs politiques en lice ? Plongée au cœur d’une campagne pas comme les autres.
Le choc de la dissolution, catalyseur d’une mobilisation inédite
La décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale dans la foulée des élections européennes a créé une véritable onde de choc dans le pays. Pour Céline Braconnier, directrice de l’IEP Saint-Germain-en-Laye et spécialiste de l’abstention, ce contexte exceptionnel explique en grande partie la mobilisation attendue :
Nous ne sommes pas dans une conjoncture habituelle. Ces législatives ne viennent pas juste après une présidentielle, la synchronisation du calendrier électoral ayant été bousculée. Il y a donc moins de lassitude de l’opinion.
– Céline Braconnier, politologue
Des électeurs plus conscients des enjeux
Autre facteur clé : les Français ont aujourd’hui beaucoup plus conscience des enjeux du scrutin qu’il y a deux ans. La perspective d’une alternance politique à court terme, rendue crédible par la percée de la NUPES et du RN aux européennes, a réveillé l’intérêt des citoyens pour la composition de l’Assemblée. Chaque voix comptera pour déterminer les équilibres de la prochaine législature, et les électeurs l’ont bien compris.
Les blocs politiques à l’offensive pour mobiliser leurs troupes
Face à cet engouement, les états-majors des différentes forces politiques rivalisent de créativité pour aller chercher les électeurs jusque dans les bureaux de vote. À droite, Les Républicains misent sur un discours de “vote utile” pour contrer la menace représentée par les extrêmes. La macronie, elle, tente de remobiliser son socle de 2017 en agitant le spectre d’une France “ingouvernable”. Quant à la NUPES et au RN, ils appellent leurs sympathisants à concrétiser dans les urnes la dynamique des européennes.
Quel impact sur les rapports de force à l’Assemblée ?
Difficile, à ce stade, de prédire avec certitude les conséquences de cette mobilisation sur la future composition de l’Assemblée nationale. Une forte participation pourrait aussi bien profiter à la majorité sortante, si elle parvient à regagner une partie de son électorat de 2017, qu’aux oppositions, si celles-ci réussissent à transformer l’essai des européennes. Une seule certitude : le suspense promet de durer jusqu’au soir du second tour, le 7 juillet prochain.
Vers un renouveau démocratique ?
Au-delà des enjeux partisans, ce regain de participation est une excellente nouvelle pour la vitalité de notre démocratie. Après des années de montée de l’abstention et de défiance envers la politique, les Français semblent renouer avec les urnes et s’approprier à nouveau le destin collectif. Une tendance à confirmer sur la durée, mais qui montre que face aux crises traversées par le pays, les citoyens ont plus que jamais soif de s’exprimer et d’être entendus. Aux politiques, désormais, de se montrer à la hauteur de ces attentes retrouvées.
