En pleine campagne des élections législatives anticipées, le gouvernement vient de créer la surprise. Alors que François Hollande est candidat en Corrèze sous la bannière du Front populaire, Gabriel Attal a annoncé que la majorité présidentielle apporterait son soutien à son concurrent de droite, le député LR sortant Francis Dubois. Une décision lourde de sens à quelques jours du premier tour.
Un choix stratégique contre les extrêmes
Pour justifier ce choix, le Premier ministre a mis en avant la nécessité de faire barrage aux extrêmes. Selon Gabriel Attal, dans une soixantaine de circonscriptions dont celle de François Hollande, les candidats de la majorité ne seraient pas les mieux placés pour l’emporter face au RN.
Il y a quelques circonscriptions où on sait que ce ne seraient pas nos candidats qui seraient les mieux placés pour éviter la victoire des extrêmes. Et dans ces cas-là, on soutient un autre candidat.
Gabriel Attal, sur RTL
En Corrèze, c’est donc Francis Dubois, le député LR sortant, qui est jugé le plus à même de l’emporter face au candidat du Rassemblement national. Un calcul politique assumé pour tenter de limiter la poussée des extrêmes à l’Assemblée.
Le spectre d’une cohabitation
Derrière ce soutien à la droite traditionnelle, il y a aussi la volonté d’éviter une possible cohabitation. Si la NUPES, l’alliance de gauche menée par LFI, obtenait une majorité de sièges, Emmanuel Macron serait contraint de nommer un Premier ministre issu de cette coalition, ce qui compliquerait grandement l’action du gouvernement.
En soutenant les candidats LR les mieux placés, Renaissance espère préserver une majorité relative qui lui permettrait de continuer à gouverner, quitte à devoir négocier des compromis au cas par cas.
Hollande face à un front anti-gauche
Pour François Hollande, ce soutien de la majorité à son concurrent est un coup dur. L’ancien président, qui pensait sans doute pouvoir capitaliser sur son ancrage local pour l’emporter, doit désormais faire face à un front anti-gauche inattendu.
Reste à savoir si les électeurs de la majorité suivront les consignes de vote dans une circonscription qui a longtemps été un bastion de la gauche. Le résultat du premier tour donnera une indication sur l’impact réel de ce soutien surprise.
Un nouveau paysage politique
Plus largement, ces alliances à géométrie variable illustrent la recomposition en cours du paysage politique français. Avec un RN en embuscade et une gauche unie derrière LFI, la majorité et la droite traditionnelle sont contraintes de jouer groupées pour tenter de sauver leurs sièges.
Un scénario qui aurait été inimaginable il y a encore quelques années mais qui pourrait bien devenir la norme dans une France plus polarisée que jamais. Les résultats du 30 juin prochain permettront d’y voir plus clair sur les nouveaux équilibres qui se dessinent.