Et si la gauche revenait au pouvoir en 2024 ? Ce scénario, encore impensable il y a quelques mois, prend de l’épaisseur à mesure que l’échéance des élections législatives approche. Sous la bannière du Nouveau Front Populaire (NFP), la gauche semble avoir trouvé la martingale pour surmonter ses divisions. Une union aussi inattendue qu’explosive, qui pourrait bien créer la surprise dans les urnes. Mais à quel prix ?
Le spectre d’une victoire de la gauche unie
Depuis plusieurs semaines, les sondages se suivent et se ressemblent : le NFP est donné au coude-à-coude avec la majorité présidentielle. Une dynamique portée par la perspective d’un dégagisme qui semble s’être emparé d’une partie de l’électorat. Face à un pouvoir jugé trop libéral et vertical, beaucoup seraient tentés par l’aventure d’une gauche radicale et rassemblée.
Pourtant, cette hypothèse soulève de nombreuses craintes, notamment sur le plan économique. Avec un programme aux accents résolument de gauche (retraite à 60 ans, hausse du SMIC, sortie du nucléaire…), le NFP prône une rupture brutale avec le modèle actuel. De quoi inquiéter les milieux d’affaires et les partenaires européens de la France.
L’improbable attelage Mélenchon-Hollande
Autre sujet d’étonnement : le ralliement surprise de François Hollande à la bannière NFP pour les législatives en Corrèze. Une volte-face idéologique pour l’ex-président “social-libéral”, qui n’a pas manqué de susciter l’ire de certains ex-compagnons de route :
Si les valeurs n’existent plus, tout est permis. Il n’y a plus de valeurs, il n’y a que des intérêts.
Bruno Le Maire
Une alliance contre-nature avec Jean-Luc Mélenchon, incarnation du rejet de la politique “hollandaise”, mais un coup tactique fort à l’approche d’un scrutin plus incertain que jamais.
Les risques d’une déstabilisation politique
Au-delà des enjeux économiques, c’est bien la solidité même de la démocratie qui pourrait vaciller en cas de victoire du NFP. Après avoir contesté les résultats des élections de 2017 et 2022, les Insoumis se tiennent prêts à en découdre, y compris dans la rue. De quoi nourrir les craintes d’une radicalisation de la vie politique.
Plusieurs ténors de la majorité présidentielle montent déjà au créneau pour alerter sur ce danger. François Fillon met en garde :
L’extrême gauche menace l’unité nationale et doit être implacablement sanctionnée par les urnes.
François Fillon
Un appel à la mobilisation des électeurs “républicains”, à moins d’un an d’un scrutin qui s’annonce déjà décisif pour l’avenir du pays.
Un scrutin crucial, de multiples inconnues
À ce stade, il est encore trop tôt pour dire si la gauche parviendra à son but ultime : reprendre les rênes du pouvoir. Plusieurs facteurs restent à surveiller de près dans les mois à venir :
- La capacité du NFP à faire campagne unie malgré la diversité idéologique de ses composantes
- L’impact des prochaines réformes du gouvernement sur l’opinion
- Un éventuel “sursaut” de la majorité pour contrer la poussée de la gauche
- Le maintien de la dynamique actuelle dans les sondages jusqu’au scrutin
Une chose est sûre : la France s’apprête à vivre une séquence politique intense et décisive. Avec, à la clé, un choix de société crucial qui ne manquera pas de diviser. Vers un virage à gauche historique, ou un statu quo fragilisé ? Rendez-vous en juin 2024 pour le verdict des urnes. D’ici là, tout peut encore arriver…