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Législatives 2024 : Gabriel Attal suspend la réforme de l’assurance chômage

Coup de théâtre : Au lendemain des législatives, le gouvernement annonce un revirement majeur sur la très critiquée réforme de l'assurance chômage. Attal cherche-t-il à éviter une fronde au Parlement ? Décryptage.

C’est un revirement spectaculaire de la part du gouvernement. Alors que l’entrée en vigueur du décret mettant en œuvre la très critiquée réforme de l’assurance chômage était prévue ce lundi 1er juillet, le Premier ministre Gabriel Attal a décidé in extremis d’en suspendre l’application. Une annonce faite au lendemain du premier tour des élections législatives, qui a vu le camp présidentiel largement distancé par le Rassemblement national et la gauche réunie sous la bannière du Nouveau Front populaire.

Une réforme impopulaire et clivante

Depuis son annonce, la réforme de l’assurance chômage portée par le gouvernement concentrait les critiques, tant des syndicats que des oppositions politiques. Accusée de précariser davantage les demandeurs d’emploi, en réduisant notamment la durée d’indemnisation, elle constituait un des principaux points de crispation dans le débat public. Le RN comme le NFP avaient d’ailleurs fait campagne sur la promesse de son abrogation en cas de victoire.

Face à un rapport de force défavorable à l’issue du premier tour des législatives, l’exécutif semble donc avoir préféré éviter un potentiel bras de fer avec le futur Parlement. En suspendant la publication du décret d’application, Gabriel Attal entend ainsi ouvrir la voie à de possibles “aménagements” et “discussions” avec les autres forces politiques, dans “l’esprit des futures majorités de projets et d’idées” qu’il appelle de ses vœux.

Éviter un vide juridique

Cette suspension de dernière minute n’est cependant pas sans poser quelques difficultés techniques. Les règles actuelles d’indemnisation n’étant valables que jusqu’au 30 juin, un “décret de jointure” doit être publié en urgence ce lundi matin pour les prolonger jusqu’à fin juillet, le temps de trouver un nouveau compromis. Un premier acte d’équilibriste pour le gouvernement Attal, qui devra naviguer avec habileté pour faire adopter ses textes dans une Assemblée nationale où il ne dispose pas de majorité.

C’est une excellente nouvelle, il faut maintenant abandonner définitivement cette réforme injuste et violente.

– Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT

Unanimité syndicale contre la réforme

Du côté des syndicats, c’est sans surprise un ouf de soulagement qui a accueilli l’annonce. Dans un communiqué commun mi-juin, l’ensemble des confédérations avaient exhorté l’exécutif à “renoncer à la réforme la plus inutile, la plus injuste et la plus violente jamais vue”, dénonçant une mesure “uniquement budgétaire” faisant “la poche des chômeurs”. La suspension décrétée par Gabriel Attal ne les satisfait cependant qu’à moitié, la plupart appelant maintenant à son abandon pur et simple.

Reste à savoir jusqu’où le gouvernement sera prêt à lâcher du lest pour rallier une majorité sur ce dossier explosif. Si des “aménagements” sont évoqués, difficile d’imaginer un renoncement total, au risque de donner l’image d’un exécutif qui recule au premier obstacle. Les prochaines semaines s’annoncent en tout cas décisives, et riches en négociations tous azimuts, alors que se profile déjà le spectre d’une possible dissolution en cas de blocage.

Un premier test grandeur nature pour le nouveau paysage politique issu des urnes, et la capacité des différents camps à dépasser leurs clivages pour gouverner ensemble. L’assurance chômage, devenue malgré elle un des principaux enjeux de ce début de quinquennat, en sera assurément un révélateur.

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