En cette fin de campagne des élections législatives 2024, l’incertitude règne. Alors que les Français s’apprêtent à retourner aux urnes pour le second tour, dimanche 7 juillet, de nombreuses figures emblématiques de l’Assemblée nationale tremblent pour leur avenir politique. Dans un contexte de défiance envers les élites et de soif de renouveau, certains poids lourds pourraient bien voir leur siège leur échapper.
Élisabeth Borne, l’ex-Première ministre en danger
Sa deuxième place au premier tour dans la 6e circonscription du Calvados a surpris. Avec seulement 28,93% des voix, Élisabeth Borne est clairement menacée par son rival du Rassemblement national, Nicolas Calbrix (36,26%). Même le soutien du candidat LFI Noé Gauchard, arrivé troisième et qui s’est désisté en sa faveur, ne lui garantit pas la victoire. L’ancienne locataire de Matignon joue gros.
François Ruffin, la figure insoumise fragilisée
Lui aussi est dos au mur. François Ruffin, député sortant de la Somme, n’est arrivé qu’en deuxième position avec 26,22%, derrière le candidat RN Jean-Philippe Tanguy (34,07%). Un revers cinglant pour cette figure médiatique de la gauche radicale. Malgré le soutien de la candidate EELV, sa réélection est plus qu’incertaine.
Olivier Marleix, le patron des députés LR en difficulté
Symbole du déclin de la droite traditionnelle, Olivier Marleix est lui aussi en mauvaise posture. Le chef de file des députés Les Républicains n’a obtenu que 28,63% au premier tour dans sa circonscription d’Eure-et-Loir, distancé par le candidat RN Aleksandar Nikolic (31,92%). Un duel serré et indécis se profile.
Valérie Rabault, l’espoir socialiste vacillant
Dans le Tarn-et-Garonne, la députée sortante PS Valérie Rabault n’a recueilli que 27,85% des voix, talonnée par son adversaire RN Pierre Poma (30,42%). Un score décevant pour la vice-présidente de l’Assemblée, qui incarne un PS affaibli. Malgré le désistement en sa faveur du candidat LFI, Pascal Demarty, son avenir au Palais Bourbon s’est assombri.
D’autres figures nationales, comme le ministre des Transports Clément Beaune à Paris, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger en Loire-Atlantique ou encore l’éditorialiste Pascal Praud dans les Alpes-Maritimes, joueront aussi leur survie politique dimanche.
Au-delà des cas individuels, c’est toute une classe politique qui pourrait être balayée par une vague de “dégagisme”. Selon plusieurs sondages, près d’un Français sur deux souhaite un renouvellement massif et en profondeur des visages de l’Assemblée nationale.
Les Français en ont ras-le-bol des professionnels de la politique déconnectés de leurs préoccupations quotidiennes. Ils veulent du sang neuf, de nouveaux élus qui leur ressemblent.
– analyse Chloé Morin, politologue à la Fondation Jean Jaurès
Les “gueules cassées” de la macronie, de la gauche éclatée et de la droite en crise sauront-elles éviter la débâcle face à la poussée du RN et aux aspirations au changement ? Réponse dimanche soir, au terme d’un second tour à haut risque qui pourrait redistribuer en profondeur les cartes du jeu politique.