Alors que la poussière des élections législatives anticipées retombe à peine, les jeux d’alliances et de positionnement ont déjà commencé à l’Assemblée nationale. Benoît Payan, le maire socialiste de Marseille, a livré sa vision ce mardi matin sur franceinfo quant au prochain locataire de Matignon. Selon lui, seul un Premier ministre issu des rangs du Parti socialiste serait en mesure de gouverner le pays et de parler à tous les Français dans le contexte actuel.
Un tacle subtil à Jean-Luc Mélenchon
Sans le nommer directement, Benoît Payan a écarté l’hypothèse de voir Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise et de la coalition du Nouveau Front populaire, accéder au poste de Premier ministre. Une prise de position loin d’être anodine alors que l’alliance de gauche affiche déjà quelques craquelures au lendemain du scrutin.
Je pense que pour gouverner ce pays, il faut de la force tranquille. Je pense qu’il faut un socialiste pour gouverner ce pays parce qu’il n’y a qu’un socialiste dans cette situation qui puisse apaiser, qui puisse parler à tout le monde.
Benoît Payan, maire de Marseille
L’édile phocéen a estimé qu’il n’y aurait “aucune raison” qu’un insoumis ait plus de légitimité qu’un socialiste pour diriger le gouvernement. Il a également jugé que Jean-Luc Mélenchon se trompait “doublement sur la méthode car on ne peut pas de l’extérieur dicter aux uns et aux autres ce que va être la réalité”.
La “légitimité” des socialistes mise en avant
La position de Benoît Payan fait écho à celle de Boris Vallaud, ex-président du groupe PS à l’Assemblée nationale. Ce dernier a lui aussi défendu sur France Inter la “légitimité” des socialistes à proposer un nom pour Matignon, estimant que “ça peut être une ou un socialiste” qui sera désigné.
Ces sorties médiatiques interviennent alors que le PS sort renforcé des élections législatives, ayant réussi à faire élire un groupe d’une trentaine de députés sous la bannière du Nouveau Front populaire. Les socialistes entendent donc peser de tout leur poids dans les tractations à venir.
Abrogation des retraites et hausse du Smic au programme
Benoît Payan a rappelé qu’il appartenait désormais au NFP de présenter un Premier ministre et un gouvernement qui fassent la promotion des “bases claires” du programme défendu pendant la campagne :
- L’abrogation de la réforme des retraites
- La hausse du Smic
- La défense des services publics
- La transition écologique
- Une meilleure répartition des richesses
Autant de mesures phares portées par la coalition de gauche qui devront, selon le maire de Marseille, guider l’action du prochain gouvernement si celui-ci veut s’inscrire dans la lignée de ce qui a été promis aux électeurs.
Un appel du pied aux députés macronistes
Face à une Assemblée nationale morcelée, où aucun camp ne dispose de la majorité absolue, Benoît Payan a lancé un appel du pied aux députés macronistes. Il les a invités à rejoindre le bloc de gauche si les propositions du Nouveau Front populaire leur “correspondent”.
Si des députés considèrent que les propositions qui seront faites par le NFP correspondent à leur adhésion, ils seront les bienvenus.
Benoît Payan, maire de Marseille
L’édile a cependant prévenu qu’il ne s’agirait pas de leur demander de se “convertir” mais plutôt de travailler dans un esprit de “rassemblement” dont le pays a besoin en cette période troublée. Une main tendue qui montre que les négociations et les rapprochements seront âpres dans les prochains jours à l’Assemblée.
La bataille pour Matignon ne fait que commencer mais elle s’annonce d’ores et déjà intense. Entre les ambitions des uns, les ego des autres et la nécessité de trouver des compromis, le nouveau Premier ministre devra réussir un véritable numéro d’équilibriste politique. Un défi à la hauteur des enjeux auxquels la France est confrontée.