C’est un drame effroyable qui avait secoué la ville de Taverny en 2019. Juliette*, une jeune étudiante de 23 ans, avait été violée de manière particulièrement sordide dans une forêt de cette commune du Val-d’Oise. Aujourd’hui, de nouveaux éléments viennent éclairer d’un jour plus terrifiant encore cette affaire, alors que l’agresseur présumé, Taha Oualidat, est soupçonné du meurtre de Philippine à Rambouillet.
Des documents d’enquête révèlent l’héroïsme dont a fait preuve Juliette face à son bourreau lors de cette agression, qui a duré la bagatelle d’une heure et demie. Un sang-froid admirable qui lui a probablement sauvé la vie. Car au vu du profil de Taha Oualidat qui se dessine, le pire était à craindre.
90 minutes de calvaire dans la forêt de Taverny
Ce samedi 31 août 2019, Juliette part se promener dans les bois de Taverny pour se changer les idées après avoir passé l’après-midi à travailler sur son mémoire. C’est alors qu’elle est surprise par Taha Oualidat, 17 ans à l’époque, qui surgit dans son dos. Le cauchemar commence.
Le jeune homme, vêtu d’un cache-cou, plaque sa main sur le visage de Juliette pour l’empêcher de crier et la conduit de force dans la forêt. Malgré la résistance acharnée de la victime, il parvient à abuser d’elle, la menaçant avec un bâton : « Arrête de bouger ou je te tue ». Il tente de la violer pendant de longues minutes, répétant de façon énigmatique : « Deux minutes, deux minutes ».
Le stratagème salvateur de Juliette
Au bord de l’épuisement, Juliette a alors une idée de génie qui va abréger son supplice. Elle fait croire à son agresseur qu’elle accepte de le revoir et lui donne même son numéro de téléphone, comprenant que cet indice sera capital pour permettre son arrestation. Un stratagème qui fonctionne puisque Taha Oualidat finit par s’évanouir dans la nature.
J’ai eu peur pour ma vie quand il m’a saisi par derrière en bloquant ma respiration (…) J’ai senti qu’il était moins violent et j’ai parlé avec lui pour le calmer.
Juliette, lors de son audition
L’arrestation express de Taha Oualidat
Grâce à la géolocalisation du numéro fourni par la victime, les enquêteurs parviennent à identifier rapidement un suspect : Taha Oualidat, qui résidait dans un foyer proche géré par la Croix Rouge. Placé en garde à vue, le jeune marocain va nier en bloc, allant jusqu’à accuser Juliette d’avoir voulu un rapport sexuel.
Mais les preuves sont accablantes et il finira par avouer le viol lors de son procès à huis clos en mars 2022. La cour d’assises des mineurs de Pontoise le condamne à 7 ans de prison. Une peine qui apparaît aujourd’hui bien légère au vu des derniers terribles soupçons qui pèsent sur lui.
Frédéric Lauze, ex-chef de la police du 95, se confie
Contacté par Le Figaro, Frédéric Lauze, qui était à la tête de la police du Val-d’Oise au moment des faits, est revenu sur cette affaire qui l’avait profondément marqué. L’ex-commissaire avait rencontré Juliette et sa mère juste après l’agression.
On avait un individu qui était un prédateur sexuel très dangereux. Après le viol, la jeune victime a eu la sensation qu’elle pouvait mourir. Elle a réussi à “gérer sa sortie” pour échapper à l’emprise de ce prédateur.
Frédéric Lauze, ancien chef de la police du Val-d’Oise
Lauze se dit aujourd’hui « en colère » et « ému » en faisant le lien avec le meurtre de Philippine à Rambouillet, pour lequel Taha Oualidat a été mis en examen. Un terrible échec pour la justice, qui n’a pas su protéger la société de la dangerosité de cet individu malgré ce premier fait d’arme terrifiant.
*Le prénom a été changé.