L’éducation sexuelle dans les écoles françaises fait à nouveau polémique alors que la nouvelle ministre de l’Éducation, Elisabeth Borne, vient de la défendre comme étant « absolument indispensable ». Cette prise de position intervient alors que le programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité, qui doit entrer en vigueur à la prochaine rentrée scolaire, suscite une vive controverse.
Un Programme Éducatif Ambitieux mais Controversé
Le nouveau programme, qui concerne tous les niveaux du primaire au lycée, prévoit trois séances annuelles obligatoires consacrées à ces thématiques. Selon le ministère, il vise à « apporter les bonnes informations en fonction de l’âge de l’élève » et à « transmettre des valeurs très importantes de respect de soi, de respect de l’autre, de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes ».
Mais c’est justement l’introduction de certaines notions, comme celle de « genre » différenciée du « sexe biologique » dès le collège, qui cristallise les oppositions. Des associations conservatrices et des responsables politiques ont dénoncé la présence d’une supposée « théorie du genre » dans ce programme, provoquant une véritable levée de boucliers.
La Ministre Borne Monte au Créneau
Face à cette fronde, Elisabeth Borne a tenu à réaffirmer le bien-fondé de ce programme éducatif. Lors d’une interview accordée à France Inter, elle a martelé que cette éducation était « absolument indispensable » tout en assurant qu’il n’était pas question d’évoquer des questions de sexualité avant le collège.
La ministre a aussi précisé que la notion d’« identité de genre » n’était abordée qu’à partir du lycée, soulignant qu’il était logique d’évoquer un concept déjà présent dans le code pénal français. Une manière de répondre aux accusations de vouloir introduire une « théorie du genre » dès le plus jeune âge.
Un Débat Ancien qui Ressurgit
Cette polémique n’est pas nouvelle en France. L’éducation à la sexualité est théoriquement obligatoire dans les écoles depuis une loi de 2001 mais elle reste, dans les faits, très peu dispensée. Chaque tentative pour la généraliser ou actualiser son contenu provoque immanquablement de vifs débats sociétaux.
Les opposants craignent une forme d’endoctrinement des enfants et une remise en cause des rôles traditionnels tandis que les défenseurs y voient un outil essentiel pour lutter contre les stéréotypes de genre, les violences et les discriminations. Un clivage qui reflète plus largement les tensions qui traversent la société française sur les questions de genre et d’identité.
Vers un Passage en Force du Gouvernement ?
En dépit des résistances, le gouvernement semble déterminé à mettre en œuvre ce nouveau programme dès septembre prochain. Le texte doit être examiné la semaine prochaine par le Conseil supérieur de l’éducation, qui regroupe des représentants des enseignants et des parents d’élèves.
Mais au vu des déclarations d’Elisabeth Borne, il apparaît peu probable que le contenu soit significativement modifié. Le pouvoir exécutif semble prêt à passer en force, quitte à braquer une partie de l’opinion. Un pari risqué alors que les questions éducatives restent très sensibles dans le pays.
Quelle Mise en Oeuvre sur le Terrain ?
Au-delà des polémiques, c’est bien la question de l’application concrète de ce programme qui interroge. En effet, faute de moyens et de volonté politique, la loi de 2001 est restée largement lettre morte. De nombreux élèves terminent leur scolarité sans jamais avoir reçu le moindre cours d’éducation sexuelle.
Pour que ce nouveau programme ne connaisse pas le même sort, il faudra non seulement convaincre les enseignants de s’en emparer mais aussi les former spécifiquement à ces questions. Un défi de taille alors que les personnels de l’Éducation nationale sont déjà confrontés à de multiples réformes et injonctions.
Un Révélateur des Fractures Françaises
Au final, cette polémique autour de l’éducation sexuelle à l’école est révélatrice des profondes fractures qui traversent la société française. Elle met en lumière les oppositions entre une vision progressiste, portée par le gouvernement, et une vision plus conservatrice, défendue par une partie de la droite et des milieux catholiques.
Mais elle illustre aussi le décalage qui peut exister entre les débats parisiens et les préoccupations du terrain. Pour beaucoup d’enseignants et de parents, l’urgence est davantage à l’amélioration des conditions d’enseignement et à la réussite des élèves qu’à ces controverses sociétales.
Il reviendra donc au gouvernement de trouver le juste équilibre entre ses ambitions réformatrices et la nécessaire prise en compte des réalités de terrain. Un exercice d’autant plus délicat dans un contexte politique et social tendu, où chaque décision est scrutée et potentiellement contestée.