C’est avec une immense tristesse que le monde littéraire sinophone a appris le décès de la célèbre écrivaine taïwanaise Chiung Yao à l’âge de 86 ans. Selon des sources proches, son corps aurait été retrouvé à son domicile de New Taipei City. Les circonstances de sa mort laissent penser qu’elle aurait décidé de mettre fin à ses jours.
Une carrière prolifique de plus de cinq décennies
Née Chen Che en 1938 dans la ville chinoise de Chengdu, Chiung Yao a connu une carrière d’une longévité et d’une productivité exceptionnelles. Réfugiée à Taïwan avec sa famille en 1949 suite à la défaite des forces nationalistes face aux communistes lors de la guerre civile, la jeune Chiung Yao se passionne très tôt pour l’écriture.
Son premier roman est publié alors qu’elle n’a que 25 ans. S’ensuit une véritable avalanche de livres : plus de 60 au total, qui marqueront des générations entières de lecteurs et surtout de lectrices.
Des romans d’amour devenus cultes
Spécialiste incontestée des histoires d’amour, Chiung Yao a su créer des personnages et des intrigues qui ont fait vibrer le cœur de millions de fans. Ses œuvres mêlent avec brio la passion amoureuse et les tourments du destin dans des décors souvent historiques.
Dans les tiroirs de chaque jeune lectrice des années 1950 à 1970, il y avait quelques romans de Chiung Yao cachés, de peur qu’ils ne soient confisqués par les enseignants.
Tsai Mei-tzu, professeure de littérature chinoise
Même après les années 90, les histoires intemporelles de Chiung Yao ont continué de séduire un large public, portées par un style immédiatement reconnaissable mêlant classicisme et intensité dramatique.
Un succès à l’écran
La popularité de Chiung Yao a largement dépassé la sphère littéraire grâce aux nombreuses adaptations de ses romans à la télévision. Des séries comme My Fair Princess, qui raconte l’ascension d’une jeune fille pauvre devenue princesse sous la dynastie Qing au XVIIIe siècle, ont connu un succès phénoménal, aussi bien à Taïwan qu’en Chine continentale.
Une vie personnelle discrète
Malgré sa notoriété, Chiung Yao est toujours restée très discrète sur sa vie privée. On sait qu’elle a été mariée à Ping Hsin-tao, fondateur des éditions Crown Publishing qui ont publié la majorité de ses livres, jusqu’au décès de ce dernier en 2019.
Selon certaines sources, Chiung Yao aurait connu des périodes de dépression ces dernières années, ce qui pourrait expliquer son geste désespéré. Néanmoins, son activité littéraire ne s’était pas tarie pour autant, avec la publication de ses cinq derniers romans en 2020.
Un héritage littéraire immense
Avec la disparition de Chiung Yao, c’est une figure majeure de la littérature sinophone qui s’éteint. Son influence sur des générations d’écrivains et d’écrivaines est incommensurable, tout comme la place unique qu’elle occupe dans le cœur de ses innombrables lecteurs.
De manière rationnelle, je peux accepter sa décision sur la façon de finir sa vie, mais émotionnellement, je ne peux pas admettre ce que j’ai entendu.
Tsai Shih-ping, écrivain et animateur radio
Nul doute que son œuvre continuera de faire rêver et d’émouvoir encore longtemps. Car s’il est une chose que Chiung Yao aura prouvé avec éclat, c’est que les grandes histoires d’amour sont éternelles.
