Un ultime retour aux sources. Les cendres de l’écrivain Milan Kundera, décédé à Paris en juillet 2023 à l’âge de 94 ans, ont été rapatriées dans sa ville natale de Brno en République tchèque. C’est ce qu’a annoncé la Bibliothèque de Moravie, chargée d’organiser ce transfert symbolique. L’auteur de « L’Insoutenable légèreté de l’être », exilé en France depuis 1975, reposera donc sur sa terre d’origine, comme il en avait émis le souhait.
Un destin forgé entre Prague et Paris
Né en 1929 à Brno, alors en Tchécoslovaquie, Milan Kundera a connu une vie mouvementée, à l’image de l’Histoire tourmentée de son pays. Jeune partisan du régime communiste, il s’en éloigne après l’écrasement du Printemps de Prague en 1968 par les troupes du Pacte de Varsovie. Ses oeuvres sont alors interdites et il finit par s’exiler en 1975 avec son épouse Vera en France, pays dont il obtiendra la nationalité en 1981.
Brno, le berceau d’un géant de la littérature
Malgré son attachement à sa patrie d’adoption, Milan Kundera n’a jamais oublié ses racines moraves. C’est dans sa ville natale de Brno qu’il a vécu ses années de formation et publié ses premières oeuvres. Des attaches profondes qui expliquent son souhait d’y reposer pour l’éternité. La municipalité a d’ailleurs lancé un concours d’architecture pour concevoir un tombeau à la mesure de ce géant de la littérature mondiale, dont la construction doit s’achever mi-2025.
Un auteur universel au style inimitable
Milan Kundera laisse derrière lui une oeuvre foisonnante, traduite dans le monde entier, où se mêlent avec virtuosité réflexions philosophiques, ironie mordante et questionnements existentiels. Des romans comme « La Plaisanterie », « Le Livre du rire et de l’oubli » ou « L’Immortalité » ont marqué des générations de lecteurs par leur lucidité et leur style unique. Un héritage littéraire immense, à l’aune des thèmes universels explorés par l’écrivain : l’amour, l’exil, la mémoire, l’identité.
Milan Kundera est l’un des plus grands romanciers contemporains, un moraliste ironique et désabusé, un citoyen du monde déchiré entre ses racines tchèques et son enracinement français.
François Ricard, préfacier de l’édition de la Pléiade consacrée à l’oeuvre de Kundera
La boucle est bouclée
En accueillant les cendres de son fils prodigue, Brno offre à Milan Kundera un retour symbolique dans sa patrie, près d’un demi-siècle après son départ forcé. Un hommage vibrant à cet immense écrivain qui, par-delà les frontières et les régimes, n’a eu de cesse d’ausculter l’âme humaine dans toute sa complexité. Comme il l’écrivait si bien :
L’homme ne vit qu’une vie, mais à travers la littérature, il peut en vivre une infinité.
Milan Kundera
Désormais, c’est à Brno, là où tout a commencé, que se refermera le dernier chapitre de l’odyssée Kundera. Un épilogue poignant pour une existence placée sous le signe de la littérature et de la liberté, ces deux boussoles que Milan Kundera, en dépit des tourmentes de l’Histoire, n’aura jamais perdues de vue. Des valeurs universelles et intemporelles que son oeuvre continuera de transmettre, par-delà le temps et l’espace.