L’inquiétude grandit autour de l’état de santé de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l’État. Selon des sources proches du dossier, le célèbre auteur de 80 ans vient d’être transféré pour la seconde fois dans une unité de soins de l’hôpital Mustapha à Alger.
Des biopsies qui suscitent l’inquiétude
C’est son avocat, Me François Zimeray, qui a tiré la sonnette d’alarme lors d’une soirée de soutien organisée au Théâtre Libre à Paris. Il a révélé que les résultats des biopsies pratiquées à l’hôpital « ne sont pas bons », sans donner plus de détails sur la nature exacte du mal qui ronge Boualem Sansal.
L’homme de loi a lancé un appel vibrant aux autorités algériennes pour qu’elles fassent preuve « tout simplement d’humanité » envers son client dont la santé serait très fragile. Une fragilité aggravée par les conditions de détention de l’octogénaire, poursuivi pour des motifs politiques.
Critique virulent du pouvoir algérien
Boualem Sansal, lauréat de nombreux prix littéraires dont le Grand Prix du Roman de l’Académie Française, est connu pour ses prises de position critiques envers le régime en place en Algérie. Auteur engagé, il n’a eu de cesse de dénoncer dans ses livres et ses interventions publiques les dérives autoritaires et la corruption qui gangrènent son pays natal.
Cette liberté de ton lui a valu les foudres des autorités. Arrêté le 16 novembre dernier à l’aéroport d’Alger, il est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du code pénal algérien qui sanctionne « tout acte visant la sûreté de l’État ». Un chef d’accusation fourre-tout qui permet de museler les voix dissidentes.
Un transfèrement qui passe mal
Début décembre, Me Zimeray avait déjà dénoncé le transfert de son client octogénaire, sans préavis, vers la prison de Koléa, à 35 km d’Alger. Un « déménagement » brutal vécu comme une punition supplémentaire pour ce libre-penseur qui dérange.
Le 14 décembre, un tribunal algérois a rejeté la demande de remise en liberté provisoire déposée par ses avocats. Un nouveau coup dur pour Boualem Sansal qui voit sa santé décliner derrière les barreaux.
Une mobilisation internationale
L’affaire suscite une large indignation dans les milieux intellectuels et au-delà. De nombreuses personnalités ont apporté leur soutien à l’écrivain emprisonné, à l’instar de son confrère Kamel Daoud qui a déclaré sur les ondes :
Il faut que Boualem Sansal et d’autres écrivains soient soutenus. Ce sont des gens qui prennent des risques, qui mettent leur vie en danger pour pouvoir dire ce qu’ils pensent.
Des pétitions circulent pour réclamer sa libération, tandis que son éditeur historique Gallimard multiplie les prises de parole pour alerter sur son sort. Son avocat, de son côté, envisage de saisir le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
Pour l’heure, les autorités algériennes restent sourdes à ces appels. Mais comme le martèle son défenseur : « Le plus grand risque pour Boualem Sansal est l’ensevelissement dans l’indifférence ». Sa santé déclinante devrait inciter le régime à faire un geste, ne serait-ce que pour éviter un désastre en termes d’image.
Un symbole de la liberté d’expression muselée
Au-delà du cas personnel de Sansal, c’est la question de la liberté d’expression qui est posée en Algérie. Comme le souligne un éditorialiste :
En s’attaquant à Boualem Sansal, le pouvoir algérien ne poursuit pas un homme mais un symbole : celui de la liberté de penser et d’écrire, ce legs essentiel de la civilisation qu’il piétine avec acharnement.
Journalistes, blogueurs, artistes, militants des droits humains : tous ceux qui osent exprimer une opinion divergente s’exposent à la répression féroce d’un régime qui ne tolère aucune critique. La condamnation de Sansal se veut un avertissement pour tous les frondeurs tentés de suivre ses traces.
Un pays malade de la censure
Cette dérive sécuritaire impacte lourdement l’univers culturel. Selon des sources du milieu de l’édition, la censure s’abat de plus en plus sur les publications jugées « subversives », conduisant à l’autocensure ou à l’exil de nombreux créateurs. Dans ce climat délétère, le secteur du livre, en crise depuis des années, peine à survivre.
Cette offensive contre la culture critique vise à imposer la pensée unique, celle du régime en place depuis l’indépendance. Un verrouillage qui asphyxie la société civile et entrave l’émergence d’une véritable alternative démocratique en Algérie.
Aider l’Algérie à inventer son avenir
Pour les soutiens de Boualem Sansal, réclamer sa libération ne revient pas à s’immiscer dans les affaires intérieures algériennes ou à donner des leçons, mais au contraire à aider le pays à s’extraire de l’impasse autoritaire. Comme le résume le cinéaste algérien Jean-Pierre Lledo :
Faire libérer Boualem Sansal, c’est aider l’Algérie dans la voie d’un futur où la démocratie sera possible. Un futur fondé sur les libertés de conscience et d’expression, seul remède à la fuite des cerveaux qui saigne le pays.
La libération de l’écrivain serait un signe fort, un premier pas vers la réconciliation de l’Algérie avec ses élites et sa jeunesse avides de changement. Il en va de l’avenir d’un pays riche de talents et de promesses, qui ne demande qu’à inventer son destin loin de la prison des dogmes.
En attendant, Boualem Sansal, affaibli mais digne, continue de se battre avec les armes de l’esprit. Et chacun de ses bulletins de santé qui filtre de sa cellule se lit comme un chapitre de plus dans le grand roman de la liberté. Un roman dont l’Algérie, sa muse intransigeante, ne pourra faire l’économie.
Cette liberté de ton lui a valu les foudres des autorités. Arrêté le 16 novembre dernier à l’aéroport d’Alger, il est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du code pénal algérien qui sanctionne « tout acte visant la sûreté de l’État ». Un chef d’accusation fourre-tout qui permet de museler les voix dissidentes.
Un transfèrement qui passe mal
Début décembre, Me Zimeray avait déjà dénoncé le transfert de son client octogénaire, sans préavis, vers la prison de Koléa, à 35 km d’Alger. Un « déménagement » brutal vécu comme une punition supplémentaire pour ce libre-penseur qui dérange.
Le 14 décembre, un tribunal algérois a rejeté la demande de remise en liberté provisoire déposée par ses avocats. Un nouveau coup dur pour Boualem Sansal qui voit sa santé décliner derrière les barreaux.
Une mobilisation internationale
L’affaire suscite une large indignation dans les milieux intellectuels et au-delà. De nombreuses personnalités ont apporté leur soutien à l’écrivain emprisonné, à l’instar de son confrère Kamel Daoud qui a déclaré sur les ondes :
Il faut que Boualem Sansal et d’autres écrivains soient soutenus. Ce sont des gens qui prennent des risques, qui mettent leur vie en danger pour pouvoir dire ce qu’ils pensent.
Des pétitions circulent pour réclamer sa libération, tandis que son éditeur historique Gallimard multiplie les prises de parole pour alerter sur son sort. Son avocat, de son côté, envisage de saisir le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
Pour l’heure, les autorités algériennes restent sourdes à ces appels. Mais comme le martèle son défenseur : « Le plus grand risque pour Boualem Sansal est l’ensevelissement dans l’indifférence ». Sa santé déclinante devrait inciter le régime à faire un geste, ne serait-ce que pour éviter un désastre en termes d’image.
Un symbole de la liberté d’expression muselée
Au-delà du cas personnel de Sansal, c’est la question de la liberté d’expression qui est posée en Algérie. Comme le souligne un éditorialiste :
En s’attaquant à Boualem Sansal, le pouvoir algérien ne poursuit pas un homme mais un symbole : celui de la liberté de penser et d’écrire, ce legs essentiel de la civilisation qu’il piétine avec acharnement.
Journalistes, blogueurs, artistes, militants des droits humains : tous ceux qui osent exprimer une opinion divergente s’exposent à la répression féroce d’un régime qui ne tolère aucune critique. La condamnation de Sansal se veut un avertissement pour tous les frondeurs tentés de suivre ses traces.
Un pays malade de la censure
Cette dérive sécuritaire impacte lourdement l’univers culturel. Selon des sources du milieu de l’édition, la censure s’abat de plus en plus sur les publications jugées « subversives », conduisant à l’autocensure ou à l’exil de nombreux créateurs. Dans ce climat délétère, le secteur du livre, en crise depuis des années, peine à survivre.
Cette offensive contre la culture critique vise à imposer la pensée unique, celle du régime en place depuis l’indépendance. Un verrouillage qui asphyxie la société civile et entrave l’émergence d’une véritable alternative démocratique en Algérie.
Aider l’Algérie à inventer son avenir
Pour les soutiens de Boualem Sansal, réclamer sa libération ne revient pas à s’immiscer dans les affaires intérieures algériennes ou à donner des leçons, mais au contraire à aider le pays à s’extraire de l’impasse autoritaire. Comme le résume le cinéaste algérien Jean-Pierre Lledo :
Faire libérer Boualem Sansal, c’est aider l’Algérie dans la voie d’un futur où la démocratie sera possible. Un futur fondé sur les libertés de conscience et d’expression, seul remède à la fuite des cerveaux qui saigne le pays.
La libération de l’écrivain serait un signe fort, un premier pas vers la réconciliation de l’Algérie avec ses élites et sa jeunesse avides de changement. Il en va de l’avenir d’un pays riche de talents et de promesses, qui ne demande qu’à inventer son destin loin de la prison des dogmes.
En attendant, Boualem Sansal, affaibli mais digne, continue de se battre avec les armes de l’esprit. Et chacun de ses bulletins de santé qui filtre de sa cellule se lit comme un chapitre de plus dans le grand roman de la liberté. Un roman dont l’Algérie, sa muse intransigeante, ne pourra faire l’économie.