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L’écrivain Boualem Sansal en danger : l’appel urgent de son comité de soutien

L'état de santé alarmant de Boualem Sansal, écrivain franco-algérien emprisonné depuis novembre, suscite une vive inquiétude. Son comité de soutien international presse les autorités d'agir au plus vite pour éviter l'irréparable. Une cause qui dépasse les frontières.

Une vague d’inquiétude déferle sur la communauté littéraire internationale. Au cœur des préoccupations : le sort de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné en Algérie depuis la mi-novembre. Face à la dégradation alarmante de son état de santé, son comité de soutien vient de lancer un appel urgent aux plus hautes instances.

Un cri d’alarme pour un écrivain en danger

Dans un communiqué poignant publié ce lundi sur les réseaux sociaux, le comité de soutien à Boualem Sansal tire la sonnette d’alarme. L’écrivain de 75 ans, gravement malade, court un « risque d’altération irréversible » de son état de santé selon ses proches. Un cri du cœur adressé directement au président Emmanuel Macron et à l’Union européenne, les exhortant à agir sans délai pour « préserver sa vie ».

Depuis son arrestation le 16 novembre dernier, l’auteur a déjà été hospitalisé à deux reprises. Selon une source proche du dossier, il se trouverait actuellement dans une unité de soins pénitentiaires d’un hôpital d’Alger, à sa propre demande. Une situation critique qui a poussé son comité de soutien international, fort de plus de 1000 membres, à monter au créneau.

Un pouvoir algérien inflexible

Mais les espoirs d’une libération rapide semblent minces. Mi-décembre, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a qualifié publiquement Boualem Sansal d’« imposteur envoyé par la France ». Des propos virulents rapportés par des médias locaux, qui ne laissent présager aucune clémence de la part du régime.

Vous envoyez un imposteur qui ne connaît pas son identité, ne connaît pas son père et prétend que la moitié de l’Algérie appartient à un autre État.

Abdelmadjid Tebboune, président algérien

Des accusations jugées « fantaisistes » par les soutiens de l’écrivain, arrêté officiellement pour « atteinte à l’intégrité de l’État ». À leurs yeux, ces attaques confirment au contraire son statut de prisonnier politique, victime d’un pouvoir « arbitraire et répressif » qui cherche à faire taire une voix critique.

Une mobilisation internationale

Face à l’inflexibilité des autorités algériennes, la solidarité s’organise par-delà les frontières. De Perpignan, qui a fait de Boualem Sansal un citoyen d’honneur, à la Colombie, d’où 30 écrivains ont récemment appelé à sa libération, les soutiens se multiplient.

Une mobilisation illustrée par cette soirée organisée au Théâtre Libre à Paris mi-décembre. Éditeurs, journalistes, écrivains et personnalités politiques y ont tour à tour rendu hommage à celui qui a choisi « la langue française pour ultime patrie ». Un rassemblement motivé par l’urgence, comme l’a souligné l’un des orateurs :

Le combat de Boualem Sansal, c’est le combat des Lumières contre l’obscurité des cachots et des régimes despotiques.

Un cas symptomatique en Algérie

Pour beaucoup, le sort de Boualem Sansal cristallise les dérives liberticides du pouvoir algérien. Son avocat, qui prévoit de saisir le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, dénonce un procès politique :

Ils poursuivent un symbole, pas un homme.

Un symbole incarné aussi par d’autres intellectuels algériens inquiétés ces derniers mois, à l’image de Kamel Daoud. Derrière ces affaires médiatiques, c’est tout un secteur culturel qui vacille, confronté au retour de la censure. Entre pressions et entraves à la publication, le monde de l’édition algérien est aujourd’hui au bord de l’asphyxie.

La France embarrassée

Dans ce contexte, l’attitude de la France reste en demi-teinte. Si les appels à l’aide se multiplient, certaines voix dissonantes fragilisent le soutien hexagonal. La députée écologiste Sandrine Rousseau a ainsi jugé que si l’emprisonnement de Sansal était condamnable, certains de ses propos relevaient d’une « forme de suprémacisme ». Une posture critiquée, accusée de faire le jeu du régime algérien.

Pour l’heure, l’urgence reste avant tout humanitaire et sanitaire. Alors que les jours passent et que l’état de santé de l’écrivain semble s’aggraver, le temps presse. Comme le martèle son comité de soutien, c’est une vie qui est aujourd’hui en jeu, suspendue à une improbable clémence du pouvoir algérien. Une vie qui, par-delà un destin individuel, incarne un combat universel : celui de la liberté de création et d’expression face à l’arbitraire. Le combat intemporel et sans frontières de la littérature contre l’oppression.

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