Le monde littéraire est sous le choc. L’écrivain franco-algérien de renom Boualem Sansal a été arrêté par les services de sécurité en Algérie. Une situation qui suscite l’indignation et l’inquiétude, notamment chez son éditeur français Gallimard qui exige sa libération immédiate. Cette arrestation soulève de nombreuses questions sur la liberté d’expression en Algérie et le sort réservé aux intellectuels critiques du régime.
Gallimard inquiet et mobilisé pour son auteur phare
Dès l’annonce de l’arrestation de Boualem Sansal, les éditions Gallimard ont vivement réagi. Dans un communiqué, la prestigieuse maison d’édition française a exprimé sa “très vive inquiétude” et appelé à la “libération immédiate” de l’écrivain qu’elle publie depuis 25 ans, depuis son premier roman “Le Serment des barbares”.
Boualem Sansal est l’un des auteurs algériens les plus lus et primés à l’international. Ses œuvres, souvent critiques envers le pouvoir algérien, lui ont valu de nombreuses distinctions dont le Grand Prix du roman de l’Académie française en 2015 pour “2084 : La fin du monde”.
Un écrivain engagé et controversé en Algérie
Ancien haut fonctionnaire, Boualem Sansal a été révoqué en 2003 après avoir publié une tribune très critique envers le régime algérien. Depuis, il se consacre à l’écriture et dénonce régulièrement dans ses livres l’autoritarisme, la corruption et les dérives islamistes dans son pays.
Son franc-parler et ses positions courageuses lui ont valu d’être censuré et interdit de conférences en Algérie. Il y est considéré comme un opposant par le pouvoir en place, qui voit d’un mauvais œil son aura internationale et son influence sur l’opinion.
Les circonstances troubles de son arrestation
Les conditions de l’arrestation de Boualem Sansal restent floues à ce stade. D’après une source proche du dossier, il aurait été interpellé à son domicile d’Alger par des agents des services de renseignement, sans que les motifs ne soient clairement établis.
Cette arrestation intervient dans un contexte de durcissement sécuritaire en Algérie, marqué par la répression accrue des voix dissidentes, notamment dans les milieux intellectuels et artistiques. Plusieurs journalistes et militants des droits humains ont été incarcérés ces derniers mois.
Un symbole de la lutte pour la liberté d’expression
Au-delà de l’inquiétude pour le sort de Boualem Sansal, son arrestation est perçue comme une nouvelle atteinte à la liberté d’expression en Algérie. De nombreux observateurs y voient un message d’intimidation envers les intellectuels critiques du régime.
L’arrestation de Boualem Sansal est un coup porté à la liberté de création et d’expression. C’est toute la littérature algérienne qui est bâillonnée.
Yasmina Khadra, écrivain algérien
La mobilisation s’organise pour demander la libération de l’écrivain, considéré comme un symbole de la résistance intellectuelle en Algérie. Des pétitions circulent et des rassemblements sont prévus devant les ambassades algériennes de plusieurs pays.
Une affaire qui ébranle les relations diplomatiques
L’arrestation de celui qui est aussi un citoyen français place les autorités de l’Hexagone dans une position délicate. Interpellé à ce sujet, le président Emmanuel Macron s’est dit “très inquiet” et assure suivre la situation de près.
Cette affaire risque de tendre un peu plus les relations entre Paris et Alger, déjà compliquées ces derniers mois sur fond de controverses mémorielles et de réduction des visas accordés aux Algériens.
Alors que le silence des autorités algériennes est assourdissant, la pression internationale s’accentue pour obtenir des clarifications sur le sort de Boualem Sansal et surtout sa remise en liberté rapide. Une affaire qui risque de connaître encore de nombreux rebondissements et de cristalliser les tensions autour de la liberté d’expression en Algérie.