Les marchés financiers sud-coréens sont en ébullition. Abasourdis par le choc d’une loi martiale aussi soudaine qu’éphémère, les investisseurs cèdent à la panique. L’indice composite Kospi a plongé de 2,3% en séance, avant de limiter la casse en clôture. Les titres des champions nationaux, Hyundai Motors et Samsung Electronics, ont subi de lourdes pertes. Sous pression, le won a dévissé à son plus bas niveau depuis deux ans face au dollar.
Cette fébrilité boursière, galvanisée par l’épée de Damoclès d’une détérioration des relations commerciales, met en lumière la vulnérabilité de la troisième économie d’Asie. Le président Yoon Suk Yeol, en proclamant puis levant la loi martiale en une nuit, a semé le trouble et l’incertitude. Face aux vents contraires, les autorités tentent de calmer le jeu.
La banque centrale et le gouvernement au front
Pour endiguer l’hémorragie, la Banque de Corée promet des liquidités aux marchés. Les opérateurs commerciaux bénéficieront de prêts avantageux en échange de titres obligataires. Le ministère de l’Économie et des Finances, relayé par son vice-Premier ministre Choi Sang-mok, s’engage à une surveillance « 24 heures sur 24 » de la situation économique et financière.
Des mesures saluées par les experts, qui louent la réactivité des institutions. Néanmoins, l’ombre de nouvelles élections et de turbulences politiques prolongées plane. Si le président Yoon ne quittait pas ses fonctions rapidement, l’incertitude pourrait être un poison pour les marchés.
Les défis de l’économie sud-coréenne
Au-delà de la crise du moment, l’économie sud-coréenne fait face à des défis de taille. La croissance demeure atone, +0,01% seulement au troisième trimestre. Et la Corée du Sud figure parmi les pays les plus exposés aux menaces protectionnistes brandies par le président américain élu Donald Trump.
« D’un point de vue macroéconomique, la Corée du Sud était déjà l’un des pays les plus vulnérables à l’impact des taxes douanières proposées par Donald Trump », relève Michael Wan, analyste de la banque MUFG.
Une exposition liée à l’imbrication des chaînes de productions coréennes avec la Chine, principal partenaire commercial et cible des mesures protectionnistes trumpiennes. Le chaos politique ne fait qu’exacerber la pression sur des marchés déjà fébriles.
Des atouts malgré l’orage
Malgré la tempête, la Corée du Sud conserve des points forts indéniables. Les analystes rappellent que le pays abrite des géants des semi-conducteurs, comme SK Hynix ou Samsung Electronics, bien positionnés sur les marchés d’avenir comme l’intelligence artificielle.
Seulement, pour regagner durablement la confiance des investisseurs, le pays devra d’abord traverser la zone de turbulences politiques et économiques. La tâche s’annonce délicate alors que les vents contraires s’accumulent. Les autorités jouent gros pour rassurer les marchés et préserver le statut de puissance économique asiatique de la Corée du Sud.