L’économie russe traverse une période critique, comme l’a récemment souligné German Gref, PDG de Sberbank, la première banque du pays. Lors d’un forum sur l’investissement, il a tiré la sonnette d’alarme, évoquant des « signes importants de ralentissement » et le spectre menaçant de la stagflation.
Une conjoncture économique préoccupante
Plusieurs facteurs pèsent actuellement sur l’économie russe :
- Une inflation persistante autour de 8,5%, qui érode le pouvoir d’achat des ménages
- Des taux d’intérêts très élevés, la Banque centrale ayant relevé son taux directeur à 21% fin octobre
- Les sanctions économiques imposées par les pays occidentaux
D’après German Gref, ces conditions difficiles vont placer « toute une série d’emprunteurs » ainsi que les banques dans une « situation difficile ». Il craint que l’important écart entre l’inflation réelle et les taux d’intérêt du marché ne soit pas soutenable sur la durée.
Des marchés immobiliers en surchauffe
L’ancien ministre du Développement économique a aussi pointé du doigt des « signes importants de ralentissement » dans le secteur du logement et de l’immobilier. Il a qualifié les marchés de Moscou, Krasnodar et Saint-Pétersbourg, habituellement dynamiques, de « surchauffés ».
Le risque d’une stagflation
Mais ce qui inquiète le plus German Gref, c’est « le danger de la stagflation », une situation économique cauchemardesque combinant une forte inflation et une croissance très faible. Un diagnostic que ne partage pas encore la patronne de la Banque centrale russe, Elvira Nabioullina.
Des prévisions de croissance revues à la baisse
Si la Banque centrale prévoit encore une hausse du PIB comprise entre 3,5 et 4% pour 2023, elle anticipe déjà un net ralentissement en 2024, avec une croissance limitée entre 0,5 et 1,5%. Et elle n’exclut pas de relever à nouveau son taux directeur lors de sa prochaine réunion le 20 décembre.
Des investisseurs inquiets
Ces perspectives moroses inquiètent de nombreux investisseurs. Ils craignent que le coût élevé du crédit ne freine l’économie et n’entraîne une vague de faillites. Un scénario catastrophe que Vladimir Poutine s’efforce de relativiser, assurant il y a peu qu’il n’y avait « aucune raison de paniquer ».
Mais les mises en garde de German Gref, une personnalité très écoutée en Russie, viennent sérieusement écorner ce discours rassurant. Elles témoignent de l’ampleur des défis auxquels l’économie russe est confrontée en cette fin d’année 2023. Reste à savoir si le gouvernement et la banque centrale sauront trouver les parades pour éviter le pire.